Reportage "On est là pour affirmer une présence, mais ne pas provoquer" : à bord de l'Atlantique 2, la patrouille française pour l'Otan en mer Baltique

L'armée française effectue chaque mois une mission pour le compte de l’Otan à l’aide d’un avion de surveillance maritime, l’Atlantique 2. franceinfo a pu assister à l'une de ces opérations de renseignement.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un navire en mer Baltique, le 18 septembre 2023. (Photo d'illustration) (BERND VON JUTRCZENKA / DPA)

La Baltique est une mer stratégique dont tous les pays riverains, à l’exception de la Russie, sont désormais membres de l’Otan. Extrêmement fréquentée par les navires commerciaux, c’est aussi un gigantesque théâtre militaire où se croisent les armées alliées et russe. Chaque mois, l’armée française effectue une mission pour le compte de l’OTAN à l’aide d’un avion de surveillance maritime, l’Atlantique 2. Objectif : faire un état des lieux et répertorier tout le trafic civil et militaire sur cette mer.

L’ombre de l’avion se découpe sur les eaux plates de la Baltique. Le soleil écrase tout, et à plus de 10 000 pieds, l’horizon s’arrondit. Depuis le cockpit de l’Atlantique 2, même à l’œil nu, la vue est ahurissante. Et en y ajoutant la multitude de capteurs présents à bord, rien n’y échappe, du moindre bout de bois, au moindre écho. La puissance de ces capteurs permet aussi de voir jusqu’à l’intérieur des terres.

"Là c'est sûr qu'il y a des bateaux russes à la mer. Ce qui va être intéressant, ça va être de les relocaliser. On va pouvoir faire une photo en instantané de toute la mer Baltique".

Le lieutenant de vaisseau Martin, chef de bord

à franceinfo

La mission de l’avion ce jour-là : établir pour l’Otan un état des lieux précis de tout ce qui flotte sur la Baltique, aussi bien des navires commerciaux que militaires. L'avion d’un allié de l’Otan s’approche et une communication radio démarre avec un échange d’informations. Il y a quelques jours, l’Otan a réalisé ici un exercice de grande ampleur et beaucoup de navires sont encore sur zone, rapporte le lieutenant de vaisseau Baptiste, coordinateur tactique. "C'est toujours le jeu du chat et de la souris avec un exercice d'ampleur, des bâtiments russes à proximité pour montrer de la présence".

"Respect des lois internationales"

Dans la coursive, une dizaine de consoles et huit hommes, casque sur la tête, les yeux rivés sur les écrans, des joysticks dans leurs mains et des claviers d’ordinateur. La caméra balaie la surface de l’eau à toute vitesse. Sur l’écran, l’image ultra-précise d’un navire se forme. "J'ai un opérateur qui est en train d'analyser, confirmer l'information que l'on voit, c'est un bâtiment russe militaire."

L’avion passe au large de l’enclave de Kaliningrad où la Russie dispose d’une base. Dans les casques de l’équipage, de nouvelles voix : celles des contrôleurs russes. Avec l’Atlantique 2, l’échange est factuel, courtois.

"C'est le maître mot de notre présence : le respect des lois internationales. On est là pour affirmer une présence, mais ne pas provoquer une situation escalatoire, donc on va se conformer au strict droit international pour l'évolution de la patrouille".

Le lieutenant de vaisseau Baptiste

à franceinfo

L’activité en Baltique est extrêmement importante et scrutée de près. Sur les sites spécialisés, des blogueurs ont rapporté ces derniers jours la présence d’un navire espion russe s’approchant des côtes allemandes. Dans les ordinateurs de l’Atlantique 2, la moisson a été bonne, des centaines d’informations, des bateaux vérifiés, une dizaine de bâtiments militaires russes repérés et identifiés, ainsi que des sous-marins présents en surface. Ce n’est pas ici que la guerre se joue, mais dans cette mer, chacun s’observe, se renifle, se montre ou se teste.

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