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L’adhésion de la Suède à l’Otan bloquée par la Turquie : qui est ce militant d'extrême-droite qui brûle le Coran ?

Un Suédo-Danois ne cesse de provoquer des incidents avec les musulmans en Europe et particulièrement en Suède. Qui est Rasmus Paladan ?
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Rasmus Paludan s'apprête à brûler un exemplaire du Coran, le 21 janvier 2023 devant l'ambassade de Turquie à Stockholm. (FREDRIK SANDBERG / TT NEWS AGENCY)

Samedi 21 janvier 2023, Rasmus Paladan a brûlé un exemplaire du Coran à proximité de l'ambassade de Turquie, à Stockholm (Suède). Le geste de cet homme, extrémiste revendiqué, ravive les tensions entre les deux pays, alors que la Turquie s'oppose à la demande d'adhésion de la Suède à l’Otan. Et cet autodafé n'est pas le premier commis par Paludan.

Avocat de formation, Rasmus Paladan, 41 ans, est un extrémiste à la double nationalité, danoise et suédoise, qui dirige un groupuscule d’extrême droite, Stram Kurs (en français "ligne dure"). Brûler des exemplaires du Coran en public, généralement dans des quartiers à forte population immigrée, est sa marque de fabrique. Son objectif est de créer des incidents pour démontrer que l’immigration provoque la délinquance, car il considère que les musulmans sont par nature violents.

Au Danemark, pays de la première controverse sur les caricatures de Mahomet en 2005, Stram Kurs avait obtenu 60 000 voix aux législatives de 2019 avec 1,8% des suffrages. En Suède, les propos de Rasmus Paladan reçoivent de l’écho auprès d'une frange xénophobe qui relie les chiffres de la criminalité dans plusieurs quartiers défavorisés à la forte population immigrée. Il en a donc fait de l'islam l'un de ses terrains de provocation de prédilection, comme samedi encore à Stockholm.

Des provocations ciblées et répétées 

En 2020, Rasmus Paludan dépose une demande d’autorisation de manifestation à Stockholm dans laquelle il annonce son intention de brûler des exemplaires du Coran dans cinq quartiers de la capitale suédoise, au nom de "la liberté d’expression contre l’islamisation de la société" et "dans le but d’humilier le faux prophète Mahomet, qui est un pédophile". Il avait déjà initié des manifestations similaires fin août, à Malmö. Rasmus Paludan n’avait pas reçu l’autorisation d’entrer en Suède et s’était même vu infliger une interdiction de séjour pour les deux années à venir. Mais ses partisans s’étaient filmés dans la soirée du 28 août en train de crier "Fuck Islam" et de brûler le texte sacré des musulmans devant une mosquée de Malmö. Malgré les appels au calme de plusieurs imams, la provocation avait atteint son but et des incidents avaient éclaté. La même année, Rasmus Paludan a été arrêté en France et extradé pour avoir causé des troubles. 

En avril 2022, sa venue est autorisée par les pouvoirs publics suédois. Il se rend dans plusieurs villes, Linköping, Norköpping, Rinkeby dans la banlieue de Stockholm, puis Malmö où il brûle de nouveau un Coran, provoquant des contre-manifestations. Les violences sont telles que la Première ministre Magdalena Andersson intervient. Elle souligne qu’en Suède, "tout le monde peut exprimer son opinion, qu’elle soit de bon ou de mauvais goût. Et quoi que vous en pensiez, vous ne pouvez pas répondre par la violence. Parce que c’est exactement ce que cherche Rasmus Paludan". Mais l’Irak, l’Arabie Saoudite et la Turquie dénoncent des "crimes de haine islamophobes tolérés sous couvert de liberté d’expression"

Après l'autodafé de samedi, le gouvernement suédois a condamné "une provocation islamophobe épouvantable". Il a expliqué que sa Constitution l’empêchait d'interdire ce type d'agissements, mais sans calmer la colère. Lundi 23 janvier, le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu en retour que la Suède, candidate à l'adhésion à l'Otan, ne pouvait plus compter sur le "soutien" d'Ankara après cet autodafé. Le geste de Rasmus Paludan suit de près une autre manifestation anti-turque en Suède. Mi-janvier, un groupe de soutien aux groupes armés kurdes en Syrie, le "comité Rojava", a pendu un mannequin à l'effigie de Recep Tayyip Erdogan devant l'hôtel de ville de Stockholm.

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