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Otan : la candidature de la Suède, toujours bloquée par la Turquie, a du plomb dans l’aile

La Turquie avait mis des conditions - l'extradition de 73 "terroristes" kurdes - à une éventuelle acceptation de l'adhésion de la Suède à l'Otan. Les protestations anti-Erdogan ne facilitent pas la tâche du nouveau gouvernement suédois.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un mannequin à l'effigie d'Erdogan, le président turc, suspendu à Stockholm (Suède) pour lui rappeler l'avenir réservé aux dictateurs, le 11 janvier 2023. (HANDOUT /  OFFICIAL TWITTER ACCOUNT OF SWE / VIA AFP)

Les débuts en Turquie du nouveau gouvernement suédois semblaient pourtant prometteurs. Une vraie lune de miel. Le nouveau chef du gouvernement a réservé à Ankara l’une de ses toutes premières visites à l’étranger, et a fait voter par son Parlement en un temps record une loi antiterroriste saluée par la Turquie. Cette dernière n’a eu de cesse de louer la volonté de la nouvelle équipe au pouvoir de satisfaire à ses demandes. Pour rappel, la Turquie demande à la Suède de combattre sur son sol les activités des "terroristes" du PKK, la guérilla kurde, et a soumis une liste de personnes, qu’elle accuse de terrorisme et souhaite voir extradées. 

Et c’est là que le bât blesse, notamment parce que la justice en Suède est indépendante et que des critères doivent être respectés pour toute extradition. Or, bien sûr, si aucun lien avec des activités terroristes n’est avéré, elle ne peut extrader des ressortissants turcs qui risqueraient d’être poursuivis en Turquie pour leurs affinités politiques ou leurs opinions. 

Des manifestations anti-Erdogan

De plus, tout s’est compliqué ces derniers jours avec une manifestation devant l’hôtel de ville de Stockholm d’un groupe de militants pro kurdes, le "comité Rojava" qui a pendu par les pieds un mannequin à l’effigie d’Erdogan, rappelant le sort fait à Mussolini, pour illustrer ce que l’avenir réserve aux dictateurs.

La Turquie, bien sûr, s’est insurgée, a convoqué l’ambassadeur. Le Premier ministre suédois a, lui, déploré le sabotage de la candidature de son pays à l’Otan. Et au grand dam du président Erdogan, la justice suédoise, saisie d’une plainte en diffamation, a classé l’affaire sans suite. Le groupe prévoit maintenant d’organiser une manifestation anti-Erdogan à Stockholm. 

Et comme si cela ne suffisait pas, le chef de l’extrême droite suédoise, les Démocrates de Suède, soutien du Premier ministre Kristersson, n’a rien trouvé de mieux que de qualifier le président Erdogan de "dictateur islamiste".  Autant dire qu’avec des élections prévues en Turquie dans moins de quatre mois, il semble désormais quasi impossible que le Parlement turc ratifie cette adhésion. Il y en a un qui doit se frotter les mains devant cette candidature contrariée à l’Otan, c’est bien sûr Vladimir Poutine.

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