Nucléaire iranien : un accord historique trouvé à Genève
Et au bout de quatre jours de discussions intenses à l'hôtel Intercontinental de Genève... Un accord a finalement été trouvé entre l'Iran et les grandes puissances occidentales, à propos du programme nucléaire iranien. Et pourtant, samedi, les positions ne cessaient de faire le yo-yo, semblant se rapprocher pour mieux s'éloigner ensuite à nouveau. C'est le ministre iranien des Affaires étrangères qui a sifflé la fin des négociations, sur le réseau social Twitter (auquel la majeure partie de sa population n'a pas accès).
Dans les minutes qui ont suivi la conclusion de l'accord, Barack Obama a fait connaître sa position. Le président américain, qui avait envoyé son Secrétaire d'Etat John Kerry le représenter à Genève, a salué un "premier pas important", se montrant satisfait mais prudent.
'"Nous avons stoppé la progression du programme nucléaire iranien, et les éléments-clés du programme seront levés ")
Présents à Genève depuis samedi, les ministres des Affaires étrangères des pays du P5+1 (France, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Etats-Unis et Allemagne) ont également salué cet accord. Côté français, Laurent Fabius souligne que l'accord "exclut [...] tout accès à l'arme nucléaire ".
Sans surprise, l'allié russe de Téhéran se félicite également de cet accord. "Il n'y a pas de perdant, tout le monde gagne " selon Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.
Que dit l'accord trouvé ?
Chaque point de l'accord trouvé samedi soir à Genève a été négocié, pied à pied, par les négociateurs dépêchés par chaque puissance engagée dans la discussion.
Le texte prévoit l'arrêt de l'enrichissement de l'uranium iranien au-dessus de 5 %, ainsi que la neutralisation de son stock de réserves enrichies à 20 %. Dernier point, et pas des moindres, l'arrêt du projet de réacteur à eau lourde d'Arak. En échange, les six grandes puissances s'engagent à ne pas imposer de nouvelles sanctions, ainsi qu'à alléger les restrictions existantes. Pour l'Iran, cela signifie notamment que le régime aura accès à des milliards de dollars issus de ses ressources pétrolières, gelés jusqu'à présent.
L'accord, certes historique car il conclut plus de dix ans de brouille diplomatique avec Téhéran, n'en est pas moins provisoire. Washington a déjà prévenu : si au bout des six mois de validité de l'accord Téhéran ne respecte pas ses engagements, elle "augmentera la pression " sur l'Iran.
Israël furieux
Les dirigeants iraniens se sont montrés samedi soir particulièrement satisfaits. Le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif estimant que le programme nucléaire de son pays se trouvait "reconnu" par l'accord signé à Genève. Une interprétation sensiblement différente de celle des Occidentaux, qui n'entendent pas instituer, pour l'instant, un droit pour l'Iran à enrichir son uranium. Tout au plus cette entente scelle-t-elle le changement de ton indéniable entre l'Iran et les Occidentaux, depuis l'élection en juin dernier du successeur de l'inflexible Mahmoud Ahmadinejad, Hassan Rohani. D'ailleurs, selon un haut responsable américain, des discussions bilatérales, restées secrètes, se sont déroulées entre Américains et Iraniens depuis cette élection.
En revanche, l'accord a provoqué la colère de Tel Aviv. Naftali Bennett, ministre de l'Economie de Benjamin Netanyahu, a dénoncé "un mauvais accord ". Israël a précisé qu'il ne se sentait pas lié aux termes de cet accord, et avait "le droit de se défendre ". Le ministre israélien des Affaires étrangères, le très droitier Avigdor Lieberman, parle lui de "plus grande victoire diplomatique de l'Iran, qui a obtenu la reconnaissance de son soi-disant droit légitime à enrichir de l'uranium ".
Pourtant, quelques minutes plus tôt, John Kerry se félicitait que l'accord rende la région du Moyen-Orient "plus sûre " pour les alliés des Etats-Unis...
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