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Népal : six mois après le séisme, la très lente reconstruction des villages

Le 25 avril dernier puis le 12 mai, la terre a tremblé au Népal faisant 9000 morts, 22.000 blessés. Et plus de 600.000 maisons détruites. Six mois après, les dégâts restent importants dans les villages.
Article rédigé par Alice Serrano
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Ce qui reste de l'école de Madgaon © RF/ Alice Serrano)

 A Katmandou, la capitale, on ne voit plus vraiment les stigmates de ce tremblement de terre. Les rues ont été déblayées, les routes réparées, les magasins, les hôtels, les restaurants ont rouvert. Seuls les monuments et quartiers historiques témoignent encore de la violence de ce séisme. Mais dans l’ensemble, la capitale a été relativement épargnée en avril et en mai dernier notamment grâce aux constructions modernes.

Népal : six mois après le séisme, la très lente reconstruction des villages - reportage Alice Serrano

 

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Dans les villages, la reconstruction n’est qu’un vain mot

 

Pour le comprendre, je vous emmène à Majdgaon Goan, un village de 300 habitants situé à 3 heures de route au sud-est de Katmandou. Pour y accéder, on a traversé une rivière et marché une demi-heure. 80% des maisons ont été détruites.

  (Fulmaya et son fils devant sa cabane en tôle ondulée et en bois © RF/ Alice Serrano)
Aujourd’hui les habitants vivent dans des cabanes en tôle ondulée. Fulmaya nous ouvre la porte de la sienne. Du riz sèche au sol, habits et nattes en bambous sont entassés dans un coin, un casserole chauffe au-dessus d’un réchaud.

 

"Je cuisine ici dans notre pièce à vivre. La nuit, je la transforme en chambre, j’installe des nattes par terre. On dort à sept ici, mes trois enfants, mon mari et mes beaux-parents"

 

La cabane ne fait pas plus de 15 mètres carrés, toute en tôle ondulée et en bois. C'est le mari de cette jeune maman énergique qui l’a construite. Pour cela, le couple a reçu une aide de 150 euros du gouvernement. Mais la porte ferme mal et l’air s’infiltre partout.

 

"La nuit, il commence à faire froid, mes enfants toussent, je m’inquiète pour l’hiver à venir. De toute façon, on n’a pas d’autre choix, on  n’a pas d’argent pour construire quelque chose de plus confortable…"

 

Fulmaya et son mari ont perdu leurs bêtes et leur récolte de maïs dans le séisme. Le gouvernement leur a bien promis  une aide de 2000 euros pour reconstruire leur maison mais cette petite femme en tunique rose et sarouel, n’y croit pas beaucoup.  

Jérôme, un Français qui vit à Katmandou depuis plus de 30 ans, est venu aider le village.  Il a emmené des responsables de Garouda à Majdgaon Goan, une association française qui va financer la reconstruction de l’école dont il ne reste que la structure métallique.  Pendant que les enfants jouent dans les ruines de l’école, Philippe, un architecte venu bénévolement, griffonne sur un cahier. Coût de l’opération : 25.000 euros. L’école pourrait voir le jour en mai prochain. Une aide inespérée pour l’un des membres du comité du village. "L’Etat nous promet beaucoup mais ne nous donne pas grand-chose. Cette école, c’est important pour nos enfants. L’aide de l’association est notre seule lueur d’espoir. "

En attendant, les cours se feront dehors durant les prochains mois d’hiver.

 

Et l’aide internationale, promise juste après le séisme?

 

Sur les 4 milliards d'euro, pas un centime n’a été dépensé. L’autorité en charge de la  reconstruction n’a toujours pas vu le jour. Ces derniers mois, le gouvernement était davantage occupé à rédiger la Constitution du pays. Le risque, c’est que cet argent ne reste pas longtemps à disposition et que les villageois n’en voient jamais la couleur.

 

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