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MSF dénonce un "crime de guerre" après la destruction d'un hôpital au Yémen

Dans la nuit de lundi à mardi, un hôpital géré par Médecins sans frontières a été bombardé par la coalition arabe, dans le nord du Yémen, près de la frontière avec l'Arabie saoudite. Pour les responsables de l'association, "la destruction d’une structure hospitalière est un crime de guerre".
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (L'hôpital géré par MSF bombardé au Yémen, dans la région de Saada © Sipa)

L'hôpital de Médecins sans frontières était le seul dans la région de Saada au Yémen. Il a été visé par des frappes de la coalition arabe, dans la nuit de lundi à mardi, alors que "des employés et des patients se trouvaient à l'intérieur" d'après l'association. Il n'y a pas eu de morts, mais sept membres de MSF auraient été blessés.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a condamné ces "frappes menées par la coalition conduite par l'Arabie saoudite qui ont touché l'hôpital Haydan géré par MSF" . Hassan Boucenine, chef de mission de MSF au Yémen, va plus loin et considère que "la destruction d’une structure hospitalière est un crime de guerre" .

"Les seuls avions de chasse qu'on voit, ce sont ceux de la coalition menée par l'Arabie saoudite" Hassan Boucenine, chef de mission de MSF au Yémen (avec Elise Delève)

Comme pour l'hôpital de Kunduz en Afghanistan, bombardé le 3 octobre et également géré par Médecins sans frontières, les associations humanitaires réclament une enquête. Cette précédente attaque avait fait 22 morts.

Une guerre ignorée

Ces frappes, a priori menées par la coalition arabe, s'inscrivent dans le cadre d'une large opération militaire unissant huit pays autour de l'Arabie saoudite. Depuis le 26 mars, la guerre aurait fait 5.000 morts, dont la moitié de civils, selon le Haut commissariat aux droits de l'homme, et 25.000 blessés. "La population au Yémen est bombardée tous les jours. Des maisons, des camions, des ponts, des routes, des écoles sont bombardés. Les gens vivent terrorisés. Dans le nord du pays des gens se cachent dans des trous qu’ils creusent dans leur jardin" , explique Hassan Boucenine, chef de mission de MSF au Yémen.

Le conflit dure donc depuis sept mois. Tout a commencé en 2014, avec le soulèvement des rebelles houthis (des musulmans chiites). A l'époque, ils prennent les armes contre un projet de partage du territoire qui serait favorable aux sunnites, qui sont au pouvoir. Les Houthis s'emparent de la capitale Sanaa. Le président yéménite fuit en Arabie saoudite pendant quelques mois. En mars, l'Arabie saoudite lance une coalition de huit pays arabes pour bombarder les rebelles.

Les raisons d'une guerre au Yémen, qui dure depuis sept mois (Elise Delève)

Un conflit qui dépasse le Yémen

Dans la région, l'Arabie saoudite à majorité sunnite et l'Iran à majorité chiite sont de grands rivaux. Tandis que les Saoudiens soutiennent le pouvoir yéménite, les Iraniens, eux, sont soupçonnés d'aider les rebelles houthis. Le Yémen peut donc être considéré comme le terrain sur lequel s'opposent ces deux puissances.

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