Tran Dung-Nghi : «On était les premiers boat people»
Dung-Nghi, «face sérieuse» en vietnamien, a un prénom qui «ne lui va pas». Non, Tran Dung-Nghi, après avoir été une fillette espiègle des rues de Saïgon est aujourd'hui une femme «qui n'arrête pas de courir».
Comme des milliers de Vietnamiens, ce 30 avril 1975, jour de la chute de Saïgon, elle et sa famille fuient leur pays en bateau. Ils sont parmi les premiers boat people. Trois jours de mer, la peur et le désespoir, avant qu'un un cargo norvégien les hisse à bord, épuisés.
Escale à Hong-Kong : les camps de toile mis en place à la hâte sont synonymes de sécurité enfin retrouvée. La famille arrive à Roissy le 14 juillet 1975. Son père trouve un travail, en Seine-et-Marne; la famille dispose d'un 5 pièces.
«Tout nous paraissait luxueux !» La jeune fille va s'acharner à rendre ses copies sans fautes jusqu'à devenir «imbattable en orthographe».
En 1991, Dung-Nghi se marie avec un jeune homme de sa génération rencontré au Lycée Louis-le-grand, à Paris. Nhân-Dinh, «l'homme qui décide», n'est «heureusement pas un homme traditionnel», qui lui aurait demandé de rester à la maison.
Comme la plupart des femmes de sa génération, Tran Dung-Nghi est une femme dynamique qui vit avec son siècle tout en essayant de préserver des valeurs asiatiques parfois différentes des nôtres.
Coincée entre des anciens, qui «accusent les jeunes d'abandonner leurs racines», et une jeunesse, occidentalisée qui «se sent incomprise», Dung-Nghi compose, avec bonheur.
Histoires singulières, les portraits de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration
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