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Qatar, Arabie Saoudite, Koweït: grèves, salaires impayés... le Golfe en crise !

Le déficit budgétaire combiné des six monarchies arabes du Golfe va culminer à 153 milliards de dollars en 2016 en raison de la chute des prix du pétrole. Conséquences: licenciements massifs, grèves et salaires impayés.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Grève en Arabie Saoudite (DR/Capture d'écran vidéo)

Au Qatar, des centaines d'ouvriers étrangers, employés par une entreprise de travaux électriques, sont sans salaire depuis quatre mois. En Arabie Saoudite, des employés d'un hôpital privé de l'Est ont entamé une grève en raison de salaires impayés. La chute des cours du pétrole a viré au cauchemar pour de nombreux migrants dans les pays du Golfe.
 
Déficit abyssal. Selon l'étude de Kamco Research, une société d'investissement koweïtienne, le déficit budgétaire combiné des six monarchies arabes du Golfe va culminer à 153 milliards de dollars en 2016 en raison de la chute des prix du pétrole. A lui seul, le déficit de l'Arabie Saoudite va atteindre 84 milliards de dollars en 2016, soit 55% du déficit des six pays. En 2015, il était de 98 milliards de dollars. Le prix du baril est passé de plus de 100 dollars à la mi-2014 à moins de 30 dollars au début de cette année avant de remonter à une moyenne de 47 dollars.

 
Les répercussions sociales et économiques ont été immédiats: licenciements massifs, grèves et salaires impayés. Le secteur de la construction en Arabie Saoudite traverse des difficultés qui ont laissé des milliers d'employés sans salaire. Les déficits se creusent en dépit de mesures d'austérité et de maîtrise des dépenses des six pays.
 
«Nous n'avons reçu aucun salaire depuis trois mois et demi. Nous sommes en grève. Ils nous ont promis nos salaires après l'Aïd (al-Adha) mais ne l'ont pas fait», explique à l’AFP une infirmière de l'hôpital privé Saad de la ville de Khobar. L’établissement emploie 1.200 infirmiers. C’est une première dans le royaume saoudien où le droit de grève n'est pas reconnu par la loi. Preuve de crispation sociale, le personnel a entamé le 21 septembre un sit-in devant l’hôpital, menaçant de poursuivre la grève.

 
La communauté indienne est la plus touchée au Qatar. Forte de 545.000 personnes sur une population totale de 2,5 millions d'âmes, elle a interpellé l’ambassade d’Inde pour lui venir en Inde. «Entre 300 et 400 travailleurs n'ont pas été payés. On va voir ce qu'on peut faire. On peut donner de l'argent à une ou deux personnes, mais c'est plus difficile quand il s'agit de 300 personnes au moins», s’inquiète à l'AFP Arvin Patil de l'association de bienfaisance Indian Community Benevolent Forum.

Le Qatar est régulièrement sous le feu des critiques de défenseurs des  droits de l'Homme et de syndicats internationaux pour les conditions de travail dans l'émirat, notamment sur les chantiers du Mondial de football qu'il doit organiser en 2022.

L’Inde est en pourparlers avec l’Arabie Saoudite depuis août 2016 pour faire revenir près de 10.000 de ses ressortissants au chômage. Sans ressources depuis plusieurs mois, ces expatriés indiens, pour la plupart ouvriers sur des chantiers, sont des victimes collatérales de la chute des cours du pétrole à l’origine du ralentissement économique qui sévit dans le Royaume.

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