Le mariage via Internet prend de l'essor en Arabie Saoudite
Il existe désormais plus de 200 comptes Twitter et des dizaines de sites sur Internet proposant leurs services aux personnes des deux sexes cherchant un conjoint, au grand dam des marieuses.
Pour Oum Sami, «marieuse professionnelle», beaucoup de ces sites se situent «à la limite de l'escroquerie» et certains s'apparenteraient, selon elle, à «de la prostitution organisée». «Le mariage via les sites Internet est voué à l'échec à 100%», assure-t-elle. Contactée, grâce au bouche à oreille, par les familles désireuses de marier leur fils ou leur fille, elle se rend aux domiciles munie de la photo du candidat ou de la candidate au mariage. Pour un mariage contracté, elle touche 530 dollars des deux familles. Le prix d'un mariage dit «misyar» (mariage de visite) est beaucoup plus cher. 1300 dollars que l'homme paiera seul. En échange, la marieuse est tenue de garder cette union confidentielle.
Il y a plusieurs sortes de mariage en Arabie Saoudite où les relations sexuelles interdites hors mariage prennent ces formes d'union, souvent passagères. Dans le cas d'un mariage «misyar», l'époux n'a pas l'obligation d'entretenir sa femme ni même de lui offrir un logement. Ce sont surtout les femmes divorcées, veuves ou celles qui ne sont plus assez jeunes, qui acceptent ce type d'union.
En raison des strictes règles de séparation des sexes, un homme et une femme non-mariés risquent de se faire arrêter par la police s'ils dînent en tête-à-tête dans un restaurant ou s'ils sont seuls en voiture. Les oulémas considèrent ce type de mariage comme «licite», mais les militants des droits de l'Homme dénoncent «une forme d'adultère organisé».
Tout comme Oum Sami, les sites Internet favorisent les unions traditionnelles et le «misyar». Ils n'encouragent aucunement les autres formes de «mariage temporaire», moins orthodoxes, destinés à ceux qui voyagent beaucoup ou qui passent des vacances d'été à l'étranger.
Amjad Ismaïl, un Saoudien de 20 ans à la recherche d'une épouse, hésite à ulitiser Internet. «Il y a tant d'offres que c'est tentant d'essayer, mais mes amis m'ont mis en garde contre certains sites qui peuvent être de véritables traquenards.» En effet, la plupart des sites exigent un accompte financier pour les personnes intéressées.
Pour le sociologue Abou Baker Bagader, les jeunes gens ont désormais recours à internet, «car c'est un moyen facile de faire connaissance». Les jeunes Saoudiens cherchent de plus en plus des moyens moins traditionnels de se rencontrer et souhaitent échapper à l'ingérence de leurs parents. Sans doute, internet est-il perçu par les jeunes comme une nouvelle forme d'émancipation dans un pays très traditionnaliste.
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