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La chaîne Alarab ne fera pas de concurrence à Al-Jazira

Le milliardaire Al-Walid ben Talal avait lancé sa propre télévision d’information pour concurrencer Al-Jazira. Elle n’aura émis que 24 heures. Les autorités de Bahreïn viennent d’annoncer sa fermeture définitive. Et le site Internet est désormais inaccessible.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le prince Al-Walid ben Talal au nord de Jeddah City, en novembre 2014 (AFP/STR)

Tout un cinéma, cette télévision. Lancée en grande pompe le 1er février 2015, Alarab (Les Arabes) affichait de grandes ambitions, notamment celles de faire de l’ombre à Al-Jazira.  Elle a cessé d’émettre moins de 24 heures plus tard. «Nous serons bientôt de retour», assurait la chaîne sur son compte twitter. Et d’évoquer des «raisons techniques et administratives».

Premier invité, première punition. La raison technique et administrative porte le nom de Khalil al-Marzouq, opposant bahreïni. Il avait critiqué sur la chaîne la décision du royaume de Bahreïn de déchoir de leur nationalité 72 personnes. Et le lundi 10 février, les autorités du Bahreïn ont décidé de porter le coup de grâce. «Il a été décidé d'arrêter les activités d'Alarab, cette chaîne n'ayant pas obtenu les autorisations nécessaires», indique un communiqué de l'Autorité de l'information de Bahreïn.
 
«Alarab n’a pas respecté les traditions des pays du Golfe, y compris l'impartialité de l'information et le rejet de tout ce qui est de nature à affecter l'esprit d'unité», avait expliqué pour sa part un quotidien pro-gouvernemental. Alarab rêvait de se faire une place aux côtés d'Al-Jazira (Qatar) et Al-Arabiya (Arabie Saoudite). Le rêve de son propriétaire, le milliardaire Al-Walid ben Talal, a pris fin brutalement.

 
Le prince, les hôtels, la finance et les médias
Fin de signal pour Alarab et «site en maintenance» pour son pendant Internet. Le projet a été porté à bout de bras (et surtout de dollars) depuis cinq ans. Le milliardaire saoudien n’est pas un inconnu dans le monde des médias. Sa compagnie Kingdom Holding – il en détient 95% – est présente dans le géant des médias News Corporation de Rupert Murdoch.  
 
Elle avait réduit ses parts le 4 février. Sa participation avait chuté en  2014 de plus 13 millions d'actions, à deux millions d'actions représentant environ 1% du capital de News Corp. Une cession qui a généré 188 millions de dollars. Outre ses investissements dans les médias, Kingdom Holding détient des intérêts notamment dans Euro Disney, la chaîne hôtelière Four Seasons et Citigroup.
 
A 60 ans, le petit-fils du roi Ibn Saoud, fondateur de l’Arabie Saoudite, vient de subir son premier échec cuisant. Sans doute moins rompu à l’acrobatie diplomatique – les chaînes de télévision du Golfe ne critiquent jamais leurs pays respectifs –, il découvre les lignes rouges à ne pas dépasser. A ses dépens.

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