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Arabie Saoudite: femme au volant, liberté au tournant

Le 26 octobre, les Saoudiennes possédant le permis de conduire sont invitées à prendre le volant. Cette action vise à faire définitivement reconnaître leurs droits. Bien qu’aucune loi ne l’interdise, la tradition refuse aux femmes de tenir le volant.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Toujours pas de droit absolu de conduire pour les femmes saoudiennes... (DR)

L’Arabie Saoudite est le seul pays au monde où règne une telle ségrégation. Aucun texte n’existe, et surtout pas dans la charia, mais les habitudes sont tenaces. En fait, il s’agit surtout d’une question de moralité. Les religieux les plus conservateurs refusent de voir des hommes et des femmes ensemble dans un lieu public. Et l’automobile (ça n’a pas échappé aux islamistes) est un puissant outil d’émancipation.
 
Et pour tenir ce front du refus intenable, les pires arguments ne manquent pas. Le dernier en date émane d’un membre du Conseil des grands oulémas. Ce religieux, Cheikh Saleh al Lohaidan, a tout simplement déclaré que la conduite automobile affecte les ovaires ! Quant à celles qui conduisent régulièrement, leurs enfants sont «marqués par des problèmes cliniques de différents degrés».
 

Seul moyen de contourner l’interdit pour les femmes, obtenir le permis de conduire dans un autre pays. Mais là aussi, le faible espace de liberté est battu en brèche. Ainsi, le Koweit a annoncé au printemps de cette année ne délivrer de permis à une Saoudienne qu’avec l’assentiment de son tuteur masculin.
 
Mais, heureusement, la cuirasse commence à se fendre. Le propre neveu du roi Abdallah, le prince Alwaleed bin Talal, a indiqué soutenir l’idée que la femme peut conduire.

Il y a quelque jours, la question a été évoquée au sein même du Conseil de la Choura. Dans ce pays sans parlement, les membres de ce conseil sont choisis par le roi. Une des trente femmes y siégeant a proposé que le ministère des Transports autorise les femmes à conduire. Une idée qui n’a provoqué aucune objection.
 
Au-delà de la mobilisation fatalement faible en raison du peu de conductrices, la journée d’action du 26 octobre permettra donc de faire le point sur la réelle volonté des autorités à supprimer cet archaïsme.
En effet, de précédentes actions de ce genre se sont terminées par l’arrestation des conductrices.

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