Arabie saoudite : Amnesty International s'inquiète de la "disparition forcée" d'une militante des droits des femmes

Manahel al-Otaibi a comparu en janvier pour s'être rebellée "contre les coutumes et les traditions de la société saoudienne". Ses proches n'ont aucune nouvelle de la jeune femme.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La militante Manahel al-Otaibi, alors âgée de 25 ans, marche dans les rues de la capitale Riyad (Arabie saoudite), le 2 septembre 2019. (FAYEZ NURELDINE / AFP)

Une militante des droits des femmes, détenue en Arabie saoudite depuis un an et demi pour des publications sur les réseaux sociaux, a perdu tout contact avec l'extérieur, a dénoncé Amnesty International, mercredi 21 février. "Les autorités saoudiennes doivent immédiatement libérer Manahel al-Otaibi, une coach sportive, défenseure des droits humains et blogueuse de 29 ans, qui a disparu de force depuis novembre 2023", affirme l'organisation de défense des droits humains, dans un communiqué.

Les autorités pénitentiaires ont coupé toute possibilité de contact pour la jeune femme, toujours en attente d'un jugement, et ont refusé de fournir à sa famille des informations sur le lieu où elle se trouve et sur son état de santé, a-t-elle précisé. Manahel al-Otaibi avait été arrêtée en novembre 2022 pour avoir publié des messages contestant les lois sur la tutelle masculine et l'obligation pour les femmes de porter l'abaya traditionnelle, une longue robe couvrant le corps.

Violemment battue par une codétenue, selon sa sœur

En janvier dernier, elle a comparu devant des juges pour avoir mené une "campagne de propagande visant à inciter les jeunes filles saoudiennes à dénoncer les principes religieux et à se rebeller contre les coutumes et les traditions de la société saoudienne", selon des documents judiciaires consultés à l'époque par l'AFP. Elle a ensuite été renvoyée devant la cour pénale spécialisée, une juridiction établie en 2008 pour traiter les affaires liées au terrorisme. Ce tribunal "est connu pour mener des procès inéquitables et prononcer des peines sévères, y compris la peine de mort", à l'encontre de dissidents politiques et militants des droits humains, a souligné Amnesty International.

"Peu avant que nous ayons perdu contact avec elle, Manahel nous a dit qu'elle avait été violemment battue par une codétenue", a raconté sa sœur Fowzia, citée dans le communiqué. "Je m'inquiète du sort de ma sœur devant un tribunal aussi injuste", a-t-elle ajouté. Souvent accusée de réprimer les dissidents, l'Arabie saoudite a infligé des peines de prison très sévères en août et septembre 2022 à deux femmes ayant relayé des messages critiques sur les réseaux sociaux.

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