Cet article date de plus de dix ans.

Mort de Margerie : l’aéroport de Vnoukovo était-il aux normes ?

Après la mort brutale de Christophe de Margerie dans un accident d’avion lundi, la question des normes de sécurité de l’aéroport de Vnoukovo à Moscou se pose. Selon un témoin, les pistes sont mal éclairées et la communication avec la tour de contrôle est parfois difficile.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La carcasse de l'avion où se trouvait Christophe de Margerie © Reuters-Maxim Zmeyev)

Après l’accident d’avion qui a coûté la vie à Christophe de Margerie, le PDG de Total et trois autres personnes, l’enquête se poursuit. Dès mardi, les enquêteurs russes ont affirmé qu’il "ne s'agit pas d'un tragique concours de circonstances, mais d'une négligence criminelle des fonctionnaires ". La question qui se pose désormais est de savoir si l’aéroport de Vnoukovo, à Moscou, est aux normes. 

A LIRE AUSSI ►►► Mort de Margerie : une "négligence criminelle" de l’aéroport selon les enquêteurs

 

Le Parisien  publie ce mercredi le témoignage d’un pilote qui a vu le Falcon de Christophe de Margerie heurter la déneigeuse et s’embraser. "Notre avion est insonorisé, nous n'avons pas entendu le choc, mais nous avons vu une boule de feu dévaler la piste. Je pense que, sous le choc, l'aile du Falcon, remplie de kérosène, a pris feu puis l'avion s'est embrasé avant d'avoir pu décoller ".

A LIRE AUSSI ►►► Le portrait de Christophe de Margerie, l’atypique patron le plus puissant de France

Des pistes mal éclairées

Le pilote confie également à nos confrères que l’aéroport de Vnoukovo n’est pas aux normes internationales. "Les pistes de Vnoukovo sont mal éclairées et elles ne sont même pas planes, on ne voit qu'un tiers de la piste ". De plus, selon lui, les aiguilleurs du ciel parlent mal anglais et il est donc très difficile de communiquer. Le comité d’enquête est également en train de vérifier si les contrôleurs aériens n’étaient pas sous l’emprise d’alcool. Ils ont déjà établis que les permanents de la tour de contrôle n’ont pas vu que la piste était encombrée par un véhicule.

Trois enquêteurs du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) sont sur place pour assister les enquêteurs russes. Ces derniers avaient tout d’abord mis en avant le fait que le conducteur du chasse-neige était ivre, mais pour Gérard Feldzer, consultant aéronautique de France Info, "cela ne suffit pas " à expliquer un tel accident. "Dans tous les pays du monde les engins de déneigement sont en permanence en contact radio avec la tour de contrôle. A tel point ", explique le spécialiste, "que lorsqu’on déneige, la piste est fermée au trafic et lorsqu'elle est libre, le conducteur contacte la tour ". Il y a donc eu, "une faille dans le système de commandement ", selon Gérard Feldzer. Toutes les conversations étant enregistrées, "on devrait savoir très rapidement ", où se situe cette faille.

Les boîtes noires ont commencé à être analysées mercredi matin. "Nous sommes en train d'étudier les enregistrements de tous les enregistreurs de bord, nos experts analysent la situation météorologique au moment de l'accident et toute la documentation, y compris celle qui concerne les préparatifs du vol ", a expliqué un responsable russe. 

 

"Il y a eu une faille dans le système de commandement" (Gérard Feldzer, consultant aéronautique de France Info)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.