Le monde entier soutient le Pakistan, a affirmé dimanche le secrétaire général de l'ONU à son arrivée à Islamabad
Ban Ki-Moon s'est engagé à mobiliser toute l'aide nécessaire pour secourir les quelque 20 millions de personnes affectées par les pires inondations depuis 80 ans, provoquées par les importantes pluies de mousson.
Les équipes de sauveteurs redoutent désormais l'apparition de maladies. Au moins un cas de choléra a été enregistré.
L'ONU a lancé un appel de fonds international de 460 millions de dollars pour secourir d'urgence les six millions de sinistrés les plus vulnérables, tout en prévenant qu'il faudrait des milliards à plus long terme pour reconstruire les villages, infrastructures et récoltes dévastés par les flots.
"Je suis ici pour demander à la communauté internationale d'accélérer son aide au peuple pakistanais. Nous allons tenter de mobiliser toute l'aide nécessaire et rappeler que le monde est derrière le peuple pakistanais en ces temps difficiles", a affirmé le secrétaire général de l'Onu.
La France annonce dimanche l'envoi d'un avion transportant 60 tonnes de fret humanitaire au Pakistan, frappé par des inondations dévastatrices qui touchent près de 20 millions de personnes. Dans le même temps, Nicolas Sarkozy a écrit au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour demander que l'UE s'engage à "couvrir davantage encore les besoins humanitaires immédiats" au Pakistan.
Sur le plan sanitaire, une personne est atteinte du choléra à Mingora, principale ville de la vallée de la Swat. Six autres cas sont suspectés dans la région.
Les inondations ont fait plus de 1600 morts, selon l'ONU, ainsi que deux millions de sans-abri, et touchent 8 % de la population. De leur côté, les autorités pakistanaises ont confirmé 1384 décès. En raison de la gravité de la situation, les festivités de l'anniversaire de l'indépencance ont été annulées, a annoncé la chaîne CNN.
L'ONU a fourni de l'aide à des centaines de milliers de sinistrés mais doit encore acheminer de la nourriture et des médicaments à six millions de personnes.
Les destructions dans l'agriculture
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) annonce qu'environ 700.000 hectares de cultures agricoles ont été endommagées. Par ailleurs, entre 500.000 et 600.000 tonnes de blé stockées dans des fermes ont été vraisemblement endommagées ou détruites à cause des inondations, a précisé la FAO.
Les pertes de semences et d'autres produits agricoles pourraient également avoir un impact sur les récoltes de l'année prochaine. Des responsables pakistanais chargés de l'agriculture avaient fait état jeudi de 600.000 tonnes de blé endommagées ou détruites par les inondations.
Le Pakistan, troisième producteur de blé en Asie, a récolté 23,8 millions de tonnes de blé en 2009-2010. Islamabad a affirmé que les bailleurs de fonds étrangers, parmi lesquels les Etats-Unis, avaient promis 92,8 millions de dollars d'aide. Mais sur le terrain, les efforts des organisations caritatives islamiques, dont certaines sont soupçonnées de liens avec les extrémistes, sont plus en évidence.
Selon les Nations unies, le niveau des besoins humanitaires est désormais comparable à celui qu'avait connu le Pakistan à la suite du tremblement de terre de 2005, qui avait fait 73.000 morts et 3,5 millions de sans abri.
Crise politique et économique
Les autorités civiles semblent débordées par l'ampleur du désastre. De son côté, le président Asif Ali Zardari se trouve sous le feu des critiques pour n'avoir pas écourté sa visite en Europe et s'en être remis au Premier ministre pour gérer la situation.
L'armée, qui continue à jouer important sur la scène politique, se retrouve une nouvelle fois en première ligne face à la catastrophe. Elle joue un rôle primordial pour venir en aide aux sinistrés. Ce qui améliore son image auprès d'une population démunie et convaincue de l'incapacité du pouvoir civil en temps de crise.
A plus long terme, la reconstruction des infrastructures des zones dévastées nécessitera des milliards de dollars. Ce qui aggrave la situation de l'économie pakistanaise, qui dépend en grande partie de l'agriculture et de l'aide étrangère.
Voir aussi
>> Les 4 vérités du 12-08-2010
avec Alain Mazaud, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE)
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