La famille d'Akmal Shaikh a écrit aux autorités britanniques pour demander l'ouverture d'une enquête judiciaire
Malgré les appels à la clémence, la Chine a exécuté mardi le ressortissant britannique de 53 ans par injection, condamné à mort pour trafic de drogue.
Amal Shaikh, père de trois enfants, qui souffrait, selon sa famille, de troubles bipolaires, est le premier ressortissant européen exécuté en Chine depuis 50 ans, selon l'ONG Reprieve.
Le frère du condamné à mort, Akbar Shaikh, a écrit au ministre des Affaires étrangères David Miliband pour demander l'ouverture d'une enquête judiciaire, une procédure propre à la Grande-Bretagne lors de laquelle un juge vise à établir les causes d'une mort.
L'association de défense des droits des prisonnier Reprieve, qui assiste la famille du condamné, estime qu'une enquête judiciaire peut être envisagée dans ce cas, se basant sur la législation de 1988 sur ce sujet.
"Je condamne l'exécution d'Akmal Shaikh dans les termes les plus fermes, et suis scandalisé et déçu que nos demandes persistantes de clémence n'aient pas été exaucées", a déclaré M. Brown dans un communiqué. La famille du condamné a fait part de "son chagrin" face au refus chinois de faire preuve de clémence.
Aucune évaluation de la santé mentale du condamné n'a été faite
M. Brown s'est dit "particulièrement préoccupé par le fait qu'aucune évaluation de la santé mentale (du condamné) n'ait été menée", avant de présenter ses "condoléances" aux parents et amis d'Akmal Shaikh qui affirmaient que ce dernier souffrait de troubles bipolaires.
Ce Londonien avait été arrêté en septembre 2007, à Urumqi, capitale du Xinjiang (nord-ouest), en possession de quatre kilos d'héroïne. Sa famille assure que des criminels ont profité de sa vulnérabilité psychologique pour lui faire transporter de la drogue. Il avait été condamné en décembre 2008 et son ultime appel avait été rejeté en début d'année par la Cour suprême.
L'ultime appel à la clémence n'a pas été entendu
Lundi, la Grande-Bretagne avait lancé un ultime appel à la clémence aux autorités chinoises, leur demandant d'empêcher l'exécution du Britannique.
Deux de ses cousins l'avaient rencontré lundi dans sa prison et avaient déposé un ultime recours en grâce. "Il ne savait pas ce qui se passe et il espère une grâce", avait déclaré, joint par l'AFP, l'un des deux cousins. "Nous lui avons dit de garder espoir, et nous lui avons dit que la date (de l'exécution) a été fixée au lendemain".
La Cour suprême chinoise a de son côté estimé mardi que "les éléments fournis par la partie britannique n'ont pas suffi à prouver qu'Akmal (Shaikh) souffre de maladie mentale", dans son avis, cité par le gouvernement chinois sur son site internet.
"L'enquête de la Cour montre que rien ne permet de soupçonner une maladie mentale chez Akmal, en conséquence la demande (...) dans ce cas n'est pas acceptable", a ajouté la Cour. "Les crimes sont traités de manière égale devant la loi, quelle que soit la nationalité", a poursuivi la Cour, assurant que "la peine de mort pour les crimes extrêmement dangereux et sérieux touchant à la drogue permet d'instiller la peur et d'empêcher les crimes".
Reprieve avait indiqué disposer de preuves médicales que Shaikh souffrait de délires. Il s'était rendu en Chine pour enregistrer un disque censé instaurer la paix dans le monde.
1.700 exécutions en Chine en 2008 selon Amnesty
Selon l'ONG Amnesty International, la Chine procède chaque année à plus d'exécutions que l'ensemble des autres pays du monde, mais leur nombre exact reste un secret d'Etat. Amnesty estime le nombre d'exécutions en Chine en 2008 à 1.700.
Pékin s'est déjà attiré les foudres de nombreux pays occidentaux après la condamnation vendredi à 11 ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat" d'un dissident auteur d'un texte réclamant une Chine démocratique.
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