L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé mercredi une campagne pour la santé dans les zones urbaines
L'opération entend alerter sur une "triple menace" : pauvreté, maladies dues au mode de vie sédentaire, et dangerosité de la vie citadine (circulation, crime, etc.).
"La santé urbaine est cruciale pour de plus en plus de gens", a estimé la directrice générale de l'organisation, Margaret Chan lors de la présentation de la campagne à Genève.
"Une mauvaise santé, y compris une mauvaise santé mentale, est l'une des expressions les plus visibles et quantifiables du mal que peut faire la vie en ville", a-t-elle ajouté.
Selon l'OMS, la croissance de la population mondiale dans les décennies à venir aura surtout lieu dans des villes surpeuplées, polluées et souvent appauvries.
Si, "en général, les populations urbaines s'en tirent mieux que les populations rurales", les villes "concentrent aussi les menaces pour la santé, comme l'insuffisance de l'assainissement et de la collecte des déchets, la pollution, les accidents de la circulation, les épidémies de maladies infectieuses et les habitudes de vie malsaines", a souligné Mme Chan dans un communiqué.
Plus d'un humain sur deux vit en ville
Depuis qu'elle a dépassé les trois milliards de personnes en 2007, la population vivant en ville dans le monde est majoritaire. Or la santé y est sous le coup d'une "triple menace", selon l'OMS.
Les populations urbaines souffrent de maladies infectieuses exacerbées par la pauvreté, de maladies non transmissibles comme les affections cardiaques, cancers et diabètes causées par la consommation de tabac, une alimentation malsaine et des modes de vie sédentaires et enfin, de blessures dues aux accidents de la route, à la violence et au crime.
En 2030, 60% de la population mondiale vivra en ville, et en 2050, cette proportion atteindra 70%, selon Mme Chan, qui décrit une croissance "explosive" en Afrique et Asie.
Les autorités, dépassées par cette croissance rapide, n'ont souvent pas su planifier ou construire les infrastructures de santé nécessaires, regrette l'OMS, qui veut sensibiliser les leaders municipaux sur l'importance de prendre en compte ces aspects dans leur planification urbaine.
Espérance de vie réduite dans les quartiers démunis et les bidonvilles
Les bidonvilles, "prédominants" puisqu'un tiers de la population urbaine y vit, soit près d'un milliard de personnes, "sont un terrain propice pour la tuberculose, l'hépatite, la dengue, la pneumonie, le choléra et les maladies diarrhéiques qui se transmettent avec facilité dans les zones très densément peuplées", a par ailleurs expliqué Mme Chan.
Les disparités dans les conditions de vie et de travail sont en outre très importantes entre villes, mais aussi au sein d'une même ville, comme l'illustre la différence d'espérance de vie, de 28 ans, entre le quartier le plus aisé et le quartier le plus démuni de la ville britannique de Glasgow.
A Nairobi, un enfant vivant dans un bidonville a quatre fois plus de chances de mourir avant d'avoir eu cinq ans qu'un enfant vivant dans une autre partie de la capitale kenyane, selon l'OMS.
Selon Mme Chan, une bonne politique de santé en milieu urbain peut faire toute la différence, poussant l'espérance de vie à 75 ans dans les pays en développement, alors qu'une mauvaise gestion la réduirait à 35 ans.
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