L'Association internationale du transport aérien évalue ses pertes à 250 millions de dollars par jour
Selon la même source, l'ensemble de la crise aura coûté 1,7 milliards de dollars. Pour faire face aux lourdes conséquences économiques, les compagnies aériennes se sont tournées vers les pouvoirs publics et l'Europe.
Lundi soir, Bruxelles n'a pas exclu de donner son feu vert à des aides versées par les Etats à titre exceptionnel.
L'article 107 du traité autorise en effet un Etat membre à soutenir une entreprise en cas de catastrophe naturelle telle qu'inondations, tornades ou tremblements de terre.
En France, le gouvernement envisage de prendre des mesures pour aider les entreprises affectées par le blocage du trafic aérien et notamment, les PME. "Prêts garantis, accompagnements, coups de pouce", a énuméré mardi matin le secrétaire d'Etat au Tourisme Hervé Novelli sur LCI, soulignant qu'"au final cette crise volcanique est une crise économique".
Parisot veut un fonds spécifique
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a réclamé mercredi la mise en place d'un fonds spécifique pour venir en aide aux compagnies aériennes.
"L'économie, c'est une chaîne et quand un maillon de la chaîne casse, tous les autres maillons sont impactés, à des degrés divers, mais les conséquences sont perceptibles", a déclaré Laurence Parisot sur Europe 1.
"Le premier niveau, ce sont les compagnies aériennes. Il est évident qu'il faut d'une manière urgente (...) mettre en place un fonds spécifique pour les compagnies aériennes", a-t-elle dit, évoquant une mesure similaire prise après les attentats du 11 septembre 2001.
La présidente du Medef a estimé qu'il fallait également "débloquer des dispositifs pour les agences de voyage et les tours opérateurs" qui pâtissent de ces événements.
Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a estimé pour sa part que les perturbations dans le trafic aérien européen n'avaient pas provoqué à ce stade de "difficultés majeures" pour l'industrie française
Une méthodologie d'évaluation des coûts économiques de la crise a été arrêtée mardi, a affirmé M. Novelli reconnaissant qu'il est pour l'instant "très difficile" de chiffrer les conséquences économiques de la quasi-paralysie du transport aérien.
Le Ministre a réuni mardi Bercy des tour-opérateurs (Voyageurs du Monde et Thomas Cook), la compagnie aérienne Air France qui a chiffré ses pertes à 35 millions d'euros par jour, Aéroports de Paris (ADP), la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM), le Syndicat national des agents de voyage et l'Association professionnelle de solidarité du tourisme (APS).
Le Premier ministre François Fillon a réuni, pour la quatrième fois en quatre jours, les ministres concernés par les conséquences du nuage de cendres volcaniques.
Les voyagistes réclament l'aide de l'Etat
Le secteur des agences de voyage est particulièrement touché en cette période stratégique de vacances. Selon le président de l'Association française des tour-opérateurs, René-Marc Chikli, "ces aides sont absolument indispensables". "On va demander des aides pour nous faire passer le cap en matière de trésorerie et on va demander qu'on nous rembourse tous les coûts générés par cette crise", a-t-il ajouté, sans préciser qui devrait supporter ces coûts.
Le secrétaire général du Syndicat national des agences de voyages, Jean-Marc Rozé, a déclaré à Reuters que la plupart des grands tour-opérateurs, qui comptent parfois 10.000 passagers bloqués à destination, avaient engagé des frais pour venir en aide à leurs clients. "Les sommes portent sur plusieurs dizaines de milliers voire plusieurs centaines de milliers d'euros", a-t-il ajouté, en évoquant d'autre part le manque à gagner lié à l'arrêt des ventes et les frais engagés pour faire partir des avions à vide pour rechercher des clients.
"Un grand groupe touristique français m'annonçait une perte supérieure à un million d'euros par jour", a-t-il poursuivi.
Parmi les pistes citées, Jean-Marc Rozé évoque une intervention du gouvernement auprès du secteur bancaire, le cas échéant via Oseo, la banque publique de financement des PME, pour consentir des prêts, des aides ou des reports de paiement de charges. Il a insisté sur le manque à gagner d'un secteur d'autant plus pénalisé que 20% à 30% de son activité sont réalisés sur des achats de dernière minute. "Non seulement il n'y a aucune vente pour la semaine prochaine mais il n'y a pratiquement personne pour s'inscrire pour les vacances d'été", a-t-il déploré.
En revanche, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), estime que, pour l'heure, les conséquences ne se font sentir que pour les PME dont l'activité est directement tributaire du transport aérien mais que toutes souffriront si la situation perdure.
Des conséquences jusqu'en Asie
Les pertes des compagnies aériennes d'Asie-Pacifique sont estimées jusqu'à 40 millions de dollars par jour, a affirmé mardi l'Association des Compagnies d'Asie-Pacifique (AAPA).
"Toutes les parties concernées doivent procéder de façon urgente à un examen de la situation globale afin de disposer de toutes les informations sur la véritable nature du nuage de cendres en Europe", a déclaré Andrew Herdman, directeur général de l'AAPA. "Cela doit être une priorité en termes économiques et politiques", a-t-il dit.
Au delà du secteur du tourisme, le secteur marchand est lui aussi affecté par la paralysie du transport aérien.
L'éruption du volcan islandais a ainsi perturbé jusqu'à l'industrie du sushi au Japon, où les importateurs de poisson sont privés depuis plusieurs jours de leur cher saumon frais norvégien. Environ 90% du saumon frais consommé au Japon est importé de Norvège, en grande partie par avion. "Il n'y a absolument aucune arrivée. Je prie pour que les perturbations cessent vite", se désole un vendeur du marché aux poissons de Tsukiji à Tokyo, le plus important du monde.
La société Saihoku Fisheries, qui importe 2.000 tonnes de saumon de Norvège chaque année et contrôle 7% du marché japonais, a déjà perdu 30 millions de yens (250.000 euros) depuis l'arrêt des vols, soit le tiers de son chiffre d'affaires mensuel, explique un de ses responsables, Mitsunori Ota.
Plus globalement, l'ensemble de l'économie asiatique commence à pâtir du chaos aérien avec des cargaisons de textile bloquées au Bangladesh, des téléphones mobiles stockés à Séoul, des chaînes du constructeur automobile Nissan qui s'arrêtent faute de pièces, etc.
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