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Jordanie : à la recherche de l'or bleu

Suite de la visite du chef de l’Etat au Moyen-Orient. François Hollande est ce mardi en Jordanie, pays de 7 millions d’habitants qui accueille plus d’un million de réfugiés syriens. C'est aussi le deuxième pays le plus aride de la planète, où l’eau est devenue un enjeu majeur. Le groupe français Suez exploite depuis deux ans une nappe fossile qui alimente la moitié de la population d'Amman.
Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (L’un des 55 forages du champ captant de  Mudawarra (zone englobant un ensemble d'ouvrages de captages prélevant l'eau souterraine d'une même nappe) © Radio France / Pierrick Bonno)
Jordanie : à la recherche de l'or bleu. Le reportage de Pierrick Bonno

Il faut parcourir 350 km au sud d’Amman pour trouver la source de l’eau qui alimente aujourd’hui la moitié des robinets de la capitale jordanienne. Disi-Mudawarra, en plein milieu du désert, c’est là, à la frontière saoudienne, que Suez pompe l’eau d’une immense nappe fossile à 600 mètres sous terre. "L'eau n'est pas renouvelable, c'est une eau fossile qui a entre 20.000 et 30.000 ans ", explique Jean-Marc Ponté, directeur de la filiale de Suez en Jordanie. "Le champ captant tel qu'il a été construit peut fournir de l'eau pendant 50 ans ", poursuit-il.

Les 350 km de conduites enterrées sous terre permettent d’acheminer l’eau jusqu’à Amman. De la capitale, Jean-Marc Ponté supervise sur des écrans de contrôle les opérations de pompage et de traitement de l’eau en temps réel :  "Nos opérateurs qui sont ici surveillent et pilotent l'ensemble du système. On peut savoir exactement ce qui se passe dans le champ captant, le débit, le niveau, la consommation d'énergie, la qualité de l'eau ."

  (Jean-Marc Ponté, directeur de la filiale de Suez en Jordanie © Radio France / Pierrick Bonno)
 

"Les tarifs ont triplé voire quadruplé !" (habitant d'Amann)

Ce sont 100 millions de mètre cube d’eau potable sont ainsi acheminés jusqu’à la capitale tous les ans. Le projet a coûté près d’un milliard d’euros, financé par des banques internationales et le gouvernement jordanien. Et les habitants d’Amann ont désormais de l’eau potable 7 jours sur 7… 24/24. Ce n’était pas le cas avant. Mais le coût du projet pèse sur la facture des consommateurs.

"Depuis deux ans, on reçoit effectivement de l’eau courante qui vient du sud du pays, trois fois par semaine. Ça permet de remplir des tanks sur les maisons. Chaque appartement a besoin de 2 ou 3 mètres cubes pour ses besoins. Donc on se sert de l’eau en fonction de nos besoins. C'est pratique",  reconnaît Hiyat, commerçant dans le centre-ville d'Amann. "Mais le problème c’est que l’eau est beaucoup plus chère depuis deux ans. Avant, on payait l’équivalent de 7 euros tous les trimestres. Maintenant, on paye 21 ou 22 euros tous les trois mois. Les tarifs ont triplé voire quadruplé ! ", déplore-t-il.

Avec l’afflux de réfugiés syriens, les besoins en eau ne cessent d’augmenter en Jordanie. Prochaine étape : le désallemment. La Jordanie et Israël sont parvenus à signer un accord fin février. Objectif : pomper l’eau de la Mer Rouge afin d’alimenter la population en eau potable sur les deux rives du Jourdain. 

 

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