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Japon: l’empereur Akihito fixé en mars sur son possible retrait du trône

Le Japon pourrait adopter une loi spéciale qui permettrait à l'empereur d'Akihito d'abandonner le trône. C'est l'option qui a été retenue par la Commission chargée de plancher sur ce sujet sensible. Le souverain avait exprimé en août 2016 à la télévision la crainte que son âge, 83 ans, ne l'empêche dans les prochaines années d'exercer de façon pleine et entière son rôle de «symbole de la Nation».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'empereur japonais Akihito, 83 ans, sur le balcon du Palais Impérial à Tokyo, salue la foule à l'occasion de son discours de nouvelle année 2017. (TOSHIFUMI KITAMURA / AFP)

Le Premier ministre Shinzo Abe a chargé une commission de plancher sur la question de l'abdication de l'empereur Akihito. Selon ses recommandations rendues, le 23 janvier 2017, deux scénarios sont sérieusement envisagés: l'adoption d'une loi spéciale autorisant l’empereur à renoncer au trône ou une réforme de la loi de la Maison impériale qui interdit à l'Empereur du Japon d'abandonner le trône du Chrysanthème de son vivant. Cette dernière option n'est pas privilégiée par le gouvernement.

M. Abe fera connaître son choix définitif en mars. «C'est une question très importante et nous devons l'examiner soigneusement», a-t-il déclaré.

Plusieurs sondages indiquent qu'environ 90% de la population considère qu'il faut autoriser l'empereur à abdiquer. Mais c'est la méthode qui divise. L'opposition et de nombreux experts sont favorables à une révision de loi de la Maison impériale tandis que les six membres de la commission choisis par Shinzo Abe sont pour la rédaction ex nihilo d'une législation spéciale offrant à l'actuel empereur, et à lui seul, le droit de léguer son titre et ses fonctions de son vivant à son fils aîné Naruhito.

Le projet de loi sera soumis aux parlementaires en avril et l'abdication pourrait intervenir fin 2017. A l'issue de l'examen, une nouvelle ère impériale pourrait s'ouvrir fin 2018-début 2019, avec la montée sur le trône de Naruhito, selon les médias japonais.
 

Deux autres options ont été présentées par la commission: réduire les obligations de l'empereur ou nommer un régent pour accomplir les tâches officielles.

L'abdication au coeur du débat politique
L'abdication va se retrouver au coeur du débat politique au Japon. Outre les ambiguïtés et les tabous pesant sur la figure impériale, elle posera des questions d'ordre matériel, comme le lieu de résidence octroyé au couple impérial et le montant de l'allocation qui lui sera versée après son retrait, selon Le Monde.

Les nationalistes proches de M. Abe sont défavorables à une refonte du code de la Maison impériale, qui date de l'immédiat après-guerre. Car non seulement, elle retarderait la révision de la Constitution pacifiste de 1947, dont le Premier ministre a fait une ambition prioritaire. Mais elle risquerait aussi d'élargir aux femmes l'accession au trône du Chrysanthème qui leur est strictement interdit.

Intronisé en 1990, Akihito est devenu le 125e empereur du Japon. Il a succédé à son père, Hirohito (1901-1989), mort de vieillesse à l'âge de 88 ans.


Avant 1945, les nationalistes considéraient le Japon comme «le pays des Dieux dont l'empereur est le centre». Hirohito avait déclaré en janvier 1946, à la fin de la Seconde guerre mondiale, lors d'un discours à la radio, qu'il n'était pas une «manifestation divine». La mise en place d'une nouvelle Constitution en 1947 lui a retiré le titre de chef de l'Etat (remplacé par celui de «Symbole de l'Etat»). Il est aussi privé des droits fondamentaux de tout citoyen, comme la liberté d'expression, se déplacer ou même voter...

La dernière abdication remonte à 200 ans. Avant l'ère Meiji (1868-1912), les empereurs pouvaient abdiquer et perdirent ce pouvoir par la suite, sous le régime des Shoguns, souligne Le Monde.

De nos jours, la famille impériale nippone, la plus ancienne dynastie régnante au monde, est confrontée à une absence de descendants mâles: l'héritier du trône du Japon, le prince Nahurito, âgé de 56 ans, n'a qu'une fille, selon le quotidien français.

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