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Japon: la police profite de la «guerre» au sein des mafias yakuzas

Un pic récent de règlements de comptes à travers le Japon a mené la police nippone à créer une unité spéciale pour lutter contre ce qu’elle décrit comme une véritable «guerre» de clans entre yakuzas. Ces accrochages découlent d'une scission au sein du Yamaguchi Gumi, la plus grande organisation criminelle de l'archipel. Cette situation facilite les interventions de la police contre ces gangs.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Détenu à Tokyo depuis 2005, l'un des parrains du clan Yamaguchi Gumi, Kenichi Shinoda, arrive à Kobe, le 9 Avril 2011. (AFP PHOTO / JIJI PRESS JIJI PRESS / AFP)

La police niponne a ouvert une enquête après de nouveaux coups de feu qui visaient, le 7 mars 2016, un groupe mafieux à Mito, au nord-est de Tokyo. Les forces de l'ordre font un lien entre ces incidents et l’arrestation, deux jours plus tôt, de l'un des parrains du gang Naruse Gumi, Hidenobu Naruse, soupçonné d'être à l'origine d'une attaque, à la voiture bélier, contre des locaux d’un groupe dissident. Le Naruse Gumi, basé à Hokkaido (nord), est proche du Yamaguchi Gumi, considéré comme la plus grande organisation mafieuse du Japon et implanté à Kobe, dans l'ouest du pays.

Plusieurs gros bonnets du Yamaguchi Gumi ont créé, en août 2015, leur propre clan: le Kôbe Yamaguchi Gumi, entraînant avec eux 10% des 23.000 membres du Yamaguchi Gumi historique, fondé en 1915. Cet éclatement, à l'origine d'une recrudescence des règlements de comptes, fait craindre à la police japonaise une répétition du bain de sang des années 1980.


Atsushi Mizoguchi, journaliste indépendant spécialiste du crime organisé, estime que des défections en masse au sein du Yamaguchi-gumi pourraient entraîner des dénonciations, et même conduire à l'arrestation du chef de l'organisation Kenichi Shinoda, connu aussi sous le nom de Shinobu Tsukasa. «Il paraît indéniable que la mafia du Japon est en train de disparaître», indiquait-il à l'AFP, fin 2015.

Le Japon recenserait un total de 60.000 yakuzas appartenant à différents groupes. L'existence de ces gangs n'est pas illégale en elle-même, et une partie de leurs activités est tolérée par les autorités. Mais la législation japonaise est intransigeante sur la possession d'armes à feu qui, lorsqu'elles sont utilisées, tombent sous le coup du grand banditisme.

La police multiplie les arrestations
L'arsenal législatif anti-mafia s'est renforcé ces dernières années, ce qui a permis à la police d'accentuer sa lutte contre le crime organisé. Entre septembre  2015 et février, elle a procédé à 210 arrestations, rappelle Le Monde.

La spectaculaire arrestation, en septembre 2014, d'un chef d'un clan de yakuzas, Satoru Nomura, 67 ans avait été filmée en ditect par les télévisions japonaises. Ce responsable de l'organisation criminelle Kudokai, reconnue comme l'une des plus dangereuses du Japon, était soupçonné d'avoir tué à bout portant, en 1998, le patron de la coopérative des pêcheurs locaux. La victime, 70 ans, aurait refusé, selon les médias, de lui verser des commissions lors de travaux effectués dans le port.
            

Autrefois perçus, y compris par les autorités, comme des gardiens de la sécurité publique, les yakuzas sont aujourd'hui vus comme des malfaiteurs qu'il faut neutraliser. Leur réputation avait notamment été entachée par l'assassinat du maire de Nagasaki en 2007, abattu en pleine campagne électorale. 

Un ancien gangster des yakuzas, Satoru Tekegaki, espère que la scission au sein du Yamaguchi Gumi «convaincra plusieurs yakuzas d'abandonner cette vie et de devenir des membres responsables de la société».

Le nombre des yakuzas connus des autorités japonaises ne cessent de baisser depuis plusieurs années. Il a plongé de 12% en 2015 par rapport à 2014 pour s'établir à 46.900, selon Le Monde. Dans les années soixante, à leur apogée, ils étaient estimés à quelque 180.000.

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