Rejet des eaux de Fukushima dans le Pacifique : "Ce n'est pas tant la question du nucléaire mais la dimension géopolitique" qui est importante, estime une chercheuse en géopolitique

Les eaux que le Japon doit rejeter jeudi dans le Pacifique à plus d'un kilomètre des côtes contiennent encore des éléments radioactifs, jugés sans danger pour la santé humaine ou les poissons.
Article rédigé par franceinfo
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Les citernes de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) renfermant ses eaux contaminées le 20 janvier 2023. (PHILIP FONG / AFP)

Valérie Niquet, directrice du pôle Asie de la Fondation pour la recherche stratégique et autrice de Le Japon en 100 questions, estime mardi 22 août sur franceinfo que le rejet des eaux de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima il y a douze ans, qui doit débuter jeudi, a surtout "une dimension géopolitique" pour le Japon.

Son voisin chinois l'accuse mardi de prévoir "arbitrairement" ce rejet des eaux dans l'océan Pacifique, et annonce des restrictions à Hong Kong sur les produits de la mer qu'elle importe d'ordinaire du Japon. "Tokyo et l'Agence internationale pour l'énergie atomique, qui a procédé à plusieurs analyses, considèrent que l'opération est sans danger. C'est de l'eau qui est retraitée, dans laquelle il reste une partie très minime d'éléments radioactifs,  indique Valérie Niquet. Ils ne peuvent pas être totalement détruits mais ils sont dans des proportions considérées par l'AIEA comme ne posant aucun risque pour la santé humaine ni celle des poissons". Ces eaux doivent être rejetées à plus d'un kilomètre au large des côtes.

"La Chine se sert de l'inquiétude des pêcheurs"

"S'il y a méfiance, c'est en partie en raison du manque de transparence dont on a pu accuser notamment Tepco, qui est en charge de la centrale" nucléaire, explique la chercheuse. Les mesures de rétorsion prises par la Chine, officiellement en représailles, relèvent pourtant à ses yeux davantage d'une question "géopolitique", pour "punir le Japon de son positionnement stratégique", il y a quelques jours, lors d'un sommet trilatéral avec la Corée du Sud et les États-Unis.

La Chine se sert notamment "de l'inquiétude des pêcheurs, pour l'image et les risques commerciaux" pour leur filière, selon Valérie Niquet. "Le gouvernement japonais est en train de mettre en place des aides, précise-t-elle. On est dans une phase de négociation très dure entre le principal syndicat des pêcheurs, les autorités et Tepco pour obtenir une aide conséquente si la réputation du poisson japonais était mise en cause".

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