: Reportage Italie : les spaghettis "alle vongole" menacés par une espèce de crabe invasive
Les spaghettis alle vongole vont-elles disparaître des menus des restaurants italiens ? Les vongole, les palourdes en français, sont menacées par un prédateur, le crabe bleu qui décime ce coquillage réputé dans le pays. Depuis un an, les pêcheurs de ce mollusque sont en grande difficulté. La production est en baisse de 70 à 80%.
Pêcheurs au chômage technique
Sonny apporte la pêche du matin au point de récolte, il n'a ramassé que des crabes bleus. "J’en ai pris 400 kg, les palourdes, il n'y en a plus, les crabes les ont mangées", déplore le pêcheur qui travaille dans l'une des principales zones de production, à Scardovari dans le delta du Pô en Vénétie. Sur les près de 1 500 personnes qui travaillent dans la zone, 80% sont au chômage technique : "Depuis un an et demi, on n’a pas de revenu, comment peut-on s'en sortir ?", s'interroge Angelo. Les autres pêcheurs récoltent le crabe, pour faire diminuer la population et en tirer quelques revenus, mais une petite partie se vend.
Les premières larves de cette espèce venue d’Amérique sont arrivées dans les cales des bateaux. La population s’est développée, avant d’exploser ces deux dernières années dans les eaux saumâtres que ce crabe affectionne. "Il y a eu une période de sécheresse, le taux de sel dans les fleuves a augmenté puis après deux ans, il y a eu de fortes pluies et les crabes se sont déplacés dans la lagune où ils ont trouvé de la nourriture en abondance", explique Sasa Raiceivich, de l’Ispra, organisme de recherche sur l’environnement. Le scientifique parle de corrélation avec le changement climatique, "les recherches doivent se poursuivre avant de parler de cause directe", ajoute-t-il.
Des larves de palourdes importées de France
Pour compléter la faible pêche de palourde dans la lagune, une plateforme d’élevage a vu le jour. Des contenants en aluminium sont alignés, avec, à l'intérieur des larves de palourdes. "Elles viennent d'Italie ou de France, elles sont placées dans de gros bidons, elles se développent pendant deux mois et elles sont remises dans la lagune", dans des zones couvertes pour les protéger, détaille Davide Baroni, du consortium des pêcheurs.
En attendant que ce pis-aller donne des résultats, les pêcheurs demandent des indemnités au commissaire spécial nommé cet été dans ce dossier. Deux millions d’euros dans un premier temps.
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