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Les populismes en Europe (7/9) : en Italie, Matteo Salvini, le provocateur

À deux mois des élections européennes, franceinfo tente de comprendre la montée des populismes en Europe. En Italie, Matteo Salvini est devenu un personnage clé.

Article rédigé par Mathilde Imberty - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, à Rivisondoli, le 8 février 2019. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Matteo Salvini est le ministre de l'Intérieur de l'Italie. Il va jouer un rôle important pour les élections européennes de mai 2019. Son prochain défi est de muscler les forces nationalistes au Parlement européen, après avoir raflé les derniers scrutins en Italie. Rien ne semble devoir l’arrêter : Matteo Salvini et l’extrême droite italienne ont mis la main le weekend des 23 et 24 mars sur un bastion de gauche, la région méridionale de la Basilicate. En coalition avec la droite modérée.

Populisme Italie (IP3 PRESS/MAXPPP)

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Qui le félicite de ce succès ? Lui-même ! Il a écrit ce tweet : "En un an, la Ligue triple ses électeurs. J’envoie un coucou à la gauche et maintenant, on va changer l’Europe". C’est sa marque de fabrique : des messages provocateurs, railleurs. Il se construit dans la "polarisation négative", selon le terme utilisé par le politologue et analyste d’opinion Lorenzo Pregliasco, qui lui consacre un ouvrage. Matteo Salvini a besoin d’ennemis. Sur la scène intérieure italienne, il a Roberto Saviano par exemple, l’auteur anti-mafia, favorable à une politique migratoire d’accueil. Sur la scène internationale, l’ennemi de Matteo Salvini est Emmanuel Macron. Avec, là aussi, un thème de focalisation : les migrants.

"Monsieur Macron passe son temps à faire la leçon aux autres pays. Mais c’est lui le premier qui devrait démontrer sa générosité. Il devrait rouvrir la frontière à Vintimille !", a déclaré le ministre de l'Intérieur italien en août dernier. Il se vante d’avoir fermé les ports italiens et ainsi d’avoir fait chuter le nombre de débarquements. De fait, ce sont moins de 400 personnes qui ont posé le pied en Italie en provenance de Libye depuis le début de l’année.

Sa stratégie : occuper le devant de la scène

Matteo Salvini donne le rythme, comme si la politique italienne tournait autour de lui. Une stratégie très étudiée. Il commente tout, jusqu’aux manifestations qui sont organisées contre sa politique. Il les signale en envoyant des smiley hilares en commentaires ou des bisous à ses opposants. Il ne s’interdit rien et surtout agit sans intermédiaire. S’il a quelque chose à dire, il fait un direct Facebook. Le provocateur veut donner une image d’homme du peuple. Matteo Salvini doit passer pour un Italien moyen, dans son imperfection. Il gère le pays en "père de famille", fait-il savoir.

Il communique autour de ce qu’il mange, des plats simples. Cela peut-être une pizza un peu trop grasse accompagnée d’une bière. Des pâtes rapidement cuites devant un match de foot. Car il est aussi tifoso du Milan AC : une passion qu’il met volontiers en scène. Le foot, comme le reste, est matière à polémique chez Matteo Salvini. Quand l’Italie rate la qualification au Mondial 2018, c’est parce qu’il y a trop d’étrangers. Son ennemi dans ce milieu-là s’appelle Mario Balotelli, joueur noir né à Palerme, qui dénonce le racisme sur les terrains.

Un personnage qui ne fait pas dans la nuance... mais plébiscité par les Italiens

Si on devait voter demain en Italie, la Ligue recueillerait 35% des voix, selon un sondage YouTrend du 22 mars. C’est 15 points de plus qu’aux dernières élections générales, il n’y a pas plus d’un an. Matteo Salvini, à 46 ans seulement, a dévoré la droite modérée, celle de Silvio Berlusconi. Il est en train de dévorer son partenaire gouvernemental des 5 Étoiles. La Ligue, c’est lui, il en a fait une marque personnelle. En 2013, quand il prend les rênes de la Ligue, elle est à 3% de consensus. Il en modifie le nom, les couleurs et l’ADN. La Ligue du Nord devient Ligue tout court. On est passé du slogan "le Nord d’abord" au slogan "les Italiens d’abord". Dans un pays en récession, marginalisé dans la course mondiale, ce succès ne se dément pas pour l’instant.

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