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Législatives en Italie : Giorgia Meloni, la candidate d'extrême droite, est le symbole "du désarroi" des Italiens, analyse une chercheuse

La cheffe de file de Fratelli d'Italia est en tête dans les sondages pour le scrutin du 25 septembre. Ce parti "post-fasciste" séduit les électeurs, selon Ludmila Acone, parce qu'il n'a encore jamais participé à aucun gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Giorgia Meloni, la candidate de Fratelli d'Italia aux législatives, à Palerme, en Sicile (Italie), mardi 20 septembre 2022. (IGOR PETYX / ANSA)

Les Italiens "disent, on a tout essayé, ça n'a pas marché, on va essayer avec elle", estime jeudi 22 septembre sur franceinfo Ludmila Acone historienne, spécialiste de l'Italie et chercheuse associée à l’université Paris 1, au sujet de la candidate d'extrême droite aux législatives Giorgia Meloni. Celle qui espère succéder à Mario Draghi à la présidence du Conseil italien est en position très favorable dans les sondages pour le 25 septembre, jour des élections. 

>>>Italie : qui est Giorgia Meloni, la candidate d'extrême droite favorite pour les élections législatives ?

La "terrible crise énergétique fait que les notes des factures d'électricité sont devenues tellement impossibles à affronter que les Italiens sont vraiment dans le désarroi total", a-t-elle analysé. Ludmila Acone qualifie le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia, de "post-fasciste". Elle estime que "sa position sur l'avortement, sur la question du genre et des homosexuels et ses alliances avec Orban et avec Vox en Espagne posent vraiment question".

franceinfo : Comment expliquez-vous son succès ?

Ludmila Acone : La société italienne est en crise économique, sociale, politique depuis déjà plusieurs années. Il y a une désaffection des citoyens pour la politique qui est très marquée, notamment depuis 2018 et même avant. Et ce parti de Giorgia Meloni est le seul qui n'a pas été au pouvoir au niveau national. C'est le seul qui n'a pas non plus participé à la coalition de l'unité nationale de Draghi. Elle n'a jamais été impliquée dans les compromissions du pouvoir. Et donc, les citoyens disent souvent : on a tout essayé, ça n'a pas marché. On va essayer avec elle.

Le niveau d'abstention qui risque d'être très élevé pourrait rebattre les cartes ?

Oui tout à fait, parce que le désarroi des Italiens est total. La précipitation de ces éleons, par ailleurs, a entravé toutes les pratiques normales de négociation, de formation, de coalitions et de listes. Cela a été fait tellement précipitamment que les citoyens ont été pris par surprise. Tout le monde a été pris par surprise. On n’a pas eu ctile temps de s'opposer, de discuter, de réfléchir vraiment. Puis est arrivée cette crise économique, énergétique terrible qui fait que les notes des factures d'électricité sont devenues tellement impossibles à affronter que les Italiens sont vraiment dans le désarroi.

Elle a peut-être lissé un peu son image et un peu arrondi son discours, n’empêche que ces dernières déclarations, notamment sur l'avortement, posent question et ont été effectivement à l'origine d'une manifestation contre sa participation à un meeting à Palerme, où il y a eu quelques affrontements. Sa position sur l'avortement, sur la question du genre et des homosexuels, et ses alliances avec Viktor Orban en Hongrie et avec le parti Vox en Espagne posent vraiment question.

Elle est tout de même proche de l'OTAN et plutôt critique vis-à-vis de Vladimir Poutine. Est-ce rassurant pour l’Union européenne ?

Giorgia Meloni et son parti nous ont habitués ces derniers mois et même ces trois dernières années, à des changements de discours assez importants. Ces atermoiements et ces hésitations laissent tout ouvert. On sait qu'il y a des constantes dans son parti, dans son histoire, qui est un parti post-fasciste, clairement. Quelles que soient ses dernières déclarations, il y a quand même des constantes. Il y a quand même quelqu'un dans son parti politique qui est très, très franchement anti-avortement, qui se présente dans sa liste, qui a déclaré très clairement qu'il faut revoir la loi sur l'avortement. Certains, même des commentateurs très avisés, affirment que cela ne peut pas être remis en cause. Mais on pensait la même chose aux États-Unis...

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