Le métro de Naples transformé en musée
A l'arrêt Toledo, ambiance Méditerranée : la station est décorée de carrés de mosaïques bleus, comme au fond d'une piscine. Un puit de lumière reliant ces entrailles de la Terre au monde extérieur. Une station de métro classée la plus belle d'Europe par le journal britannique The Daily Telegraph. Puis les «vagues» du Catalan Oscar Tusquets Blanca accueillent les passagers au pied de l'escalator. Des passagers happés par l'œuvre de Robert Wilson, By the sea... you and me, constituée de panneaux incrustés d'ampoules qui se déclenchent sur le passage des Napolitains.
Les «stations de l'art» accueillent 200 œuvres et s'incrivent dans un vaste plan d'urbanisme et de développement des transports en commun de Naples, connue pour ses embouteillages. Pavements, murs, jusqu'aux escaliers menant à la sortie, tout doit concourir à faire vivre aux voyageurs une expérience sensorielle et esthétique.
Achille Bonito Oliva, coordinateur artistique auprès de la société gérant le métro, a choisi pour chacune des stations artistes, architectes et designers italiens et internationaux. «Il s'agit d'une rencontre entre la beauté et les transports. Nous demandons aux artistes de crééer une œuvre qui s'insère dans la station.» Pas question de «décorer» l'espace mais de «créer» un musée obligatoire «afin d'engendrer de la familiarité» entre des voyageurs qui ne vont pas au musée et un art qui voyage et a «une fonction sociale», ajoute le critique d'art.
Lancé début 2000 et doté d'un budget d'un milliard et demi d'euros, le projet, financé à moitié par l'Europe, prend une nouvelle dimension sous la place Garibaldi avec la 16e «station de l'art». C'est un architecte français, Dominique Perrault, créateur de la bibliothèque François Mitterrand, qui a été chargé de sa conception. La station Garibaldi devrait pemettre de doubler le nombre des utilisateurs quotidiens, actuellement évalué à environ 200.000.
Au bas des escalators de la station Garibaldi, sous une verrière faite de tubes métalliques, la station de Pistoletto, un des piliers du mouvement contemporain Arte Povera, présente sur un immense miroir des photos de voyageurs qui attendent, se parlent, se regardent. L'artiste de 80 ans explique qu'il mûrissait depuis longtemps une œuvre «sur l'idée de la gare» : «Les voyageurs/spectateurs entrent dans l'œuvre (...). C'est une relation entre la vie et l'art, l'art et la gare.»
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