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L'Italie entre (enfin) dans l'ère numérique
A la traîne en Europe dans l'internet à très haut débit, l'Italie a décidé de mettre les bouchées doubles. Et d'investir massivement pour combler son retard en mettant des milliards d’euros sur la table.
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Même le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, le reconnaît sans détour : «Siamo in ritardo» («nous sommes en retard») en matière d’internet. Au plus haut sommet de l’Etat, on a donc décidé que le moment était venu de faire entrer pleinement le pays dans l’heure du numérique. Avec des investissements massifs, publics comme privés.
«Nous attendons le feu vert définitif de la Commission européenne pour engager une première enveloppe de 2,2 milliards d'euros. Si cette autorisation est donnée en mai, nous pourrons démarrer immédiatement le développement des infrastructures dans les zones ‘‘blanches’’. Celles où l'intérêt commercial des opérateurs privés est inexistant», explique-t-on au ministère du Développement économique.
Ces derniers ont promis d’y remédier. Le géant italien de l'énergie électrique, Enel, a ainsi annoncé en mars le lancement d'un plan stratégique d'investissements de 2,5 milliards d'euros pour «apporter la fibre optique directement aux clients» de 224 villes italiennes.
Dès août 2015, le gouvernement avait mis sur la table un total de 4,9 milliards d'euros, auxquels viennent s'ajouter deux milliards de fonds européens, pour le développement de l'internet à très haut débit (supérieur à 30 Mbit/s). L'objectif est de couvrir l'ensemble du territoire d'ici à 2018 avec des connexions à au moins 30 Mbit/s, et 85% du territoire à 100 Mbit/s.
Les fonds investis dans les zones «blanches» ne représentent cependant pas un investissement à fonds perdus. «L'Etat et les régions concernées seront propriétaires de ce réseau et le loueront aux opérateurs», précise-t-on au ministère du Développement économique.
Les pouvoirs publics s’intéressent aux réseaux mais aussi aux contenus: le projet Italia Login du gouvernement prévoit un code d'identification pour chaque citoyen. Lequel code lui permet d'interagir avec l’ensemble des administrations ou d'effectuer ses paiements en ligne.
De l’innovation avant toute chose
Dans le même temps, d'autres initiatives voient le jour dans le domaine de l'innovation.
La région des Pouilles va ainsi organiser fin juin le premier «hackaton» italien, marathon numérique destiné à réunir en un même lieu des développeurs de divers projets et des investisseurs. «Le sud de l'Italie (région défavorisée) a eu plus de mal à prendre le train de la conversion» industrielle vers le numérique, constate Francesco Boccia, président de la commission budget de la Chambre des députés italiens, et l’un des organisateurs de cette rencontre.
«Des jeunes qui ont des idées quittent la région car ils ne trouvent pas de financements», déplore l'élu de gauche originaire des Pouilles. «Notre objectif est de sélectionner 100 projets» avec l'aide du patronat et les universités impliquées «et de les présenter aux investisseurs, aux banques, et fonds d'investissement», ajoute-t-il.
«L'objectif est d'avoir une fois par an cette réunion européenne de quatre jours et d'impliquer des projets venant de la Méditerranée, du Maghreb. Il n'est pas nécessaire d'aller à Cupertino (siège du géant informatique Apple aux Etats-Unis) ou dans la Silicon Valley pour trouver des financements. Là, ce seront au contraire les grands investisseurs nationaux et internationaux qui se retrouveront du 23 au 26 juin 2016 dans les Pouilles», a conclu Francesco Boccia. Nombre de projets seront présentés dans des domaines très divers : médias, jeux, culture, sécurité, musique, commerce et finances.
Autre manifestation en matière d’innovation, cette fois dans le nord de l’Italie : en l’occurrence à Venise qui accueillera pour sa part en octobre le 1er Salon des inventeurs en Italie. «Nous attendons 500 inventeurs du monde entier et 40.000 visiteurs. Si nous ne changeons pas de comportement envers les inventions, nous n'obtiendrons pas de résultats économiques», estime le directeur de D-nest, organisateur de l'évènement, Gianfranco Gramola. Parmi les pays qui ont annoncé pour le moment leur présence figurent les Etats-Unis, la Pologne et le Bangladesh, ainsi que les associations d'inventeurs de Taïwan, du Brésil et de la Russie.
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