Italie : quel bilan pour Giorgia Meloni après un an au pouvoir ?

Il y a un an exactement, sous les yeux inquiets de ses partenaires européens, pour la première fois, une leader d’extrême droite prenait le pouvoir en Italie. Un an après, peu de changements au final.
Article rédigé par franceinfo
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La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, le 29 septembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Giorgia Meloni souffle ce week-end sa première bougie en tant que Première ministre de l'Italie. En un an de pouvoir, elle est passée du statut de cheffe redoutée d'un parti d'extrême droite à celui plus consensuel d'"amie" de Joe Biden, le président démocrate américain. "International : mieux que prévu. Immigration : bien pire que prévu. Économie : plus ou moins ce que j’attendais", résume Beppe Severgnini, éditorialiste au Corriere della Sera, après un an au pouvoir pour Giorgia Meloni.

Politique internationale : alignement sur les alliés traditionnels de l'Italie

En dépit de son euroscepticisme, la dirigeante de 46 ans a cherché à avoir une attitude constructive avec l'Union européenne et ses partenaires. Sur les deux principaux dossiers internationaux du moment, la guerre en Ukraine et celle entre Israël et le Hamas, Rome s’est alignée sur ses partenaires occidentaux. Elle a également assuré un soutien sans faille à Kiev face à Moscou, ce qui lui a valu d'être adoublée par Washington. "Nous sommes devenus amis", lui a déclaré le président américain dans le Bureau ovale. Le constat, au bout d’un an, est donc celui d’une normalisation.

Politique intérieure : le parlement contourné

La leader post-fasciste n’a pas fait basculer l’Italie dans un autre régime, même si elle gouverne à coup de décrets-lois et que le parlement italien n’a pas son mot à dire. Défenseure du modèle traditionnel familial, elle a interdit aux autorités locales d'enregistrer à l'état-civil les enfants de couples gays et lesbiens, qui en Italie ne sont pas autorisés à adopter ou à recourir à des mères porteuses. Sur le mariage, elle s'est montrée plus souple, annonçant même vendredi 20 octobre sa séparation d'avec le père de sa fille de sept ans.

Immigration :  la promesse non tenue des "ports fermés"

Sur le sujet de l’immigration, il est certain que Giorgia Meloni n’a pas tenu ses promesses. Elle le reconnaissait elle-même fin septembre sur la Rai . "Les résultats ne sont pas ceux que nous espérions, admettait-elle. Ce sujet mérite un nouvel engagement." La campagne l’an dernier s’était faite sur le thème des ports fermés aux migrants. Or, même si les règles ont été durcies, 2023 sera une année d’arrivées massives. 140 000 personnes sont arrivées en Italie depuis le 1er janvier.

Mais son électorat ne lui en veut pas manifestement pas. En un an, les intentions de vote pour son parti Fratelli d’Italia n’ont pas bougé, autour de 30%. "Elle a une bonne popularité parce qu’elle parle comme tout le monde, explique Susanna Turco, biographe de Giorgia Meloni et plume politique de l’hebdomadaire L’Espresso. Chacun peut s’identifier à elle. Mais si je dois juger son action au gouvernement, je ne trouve pas grand-chose". 

Économie : un budget sans révolution

Giorgia Meloni vient de présenter le budget 2024 et il ne comporte aucune mesure structurelle. Y sont prévues des baisses d’impôts et des mesures ponctuelles pour les classes moyennes et populaires mais en creusant encore la dette italienne. Le verdict des agences de notation financière tombera dans les semaines à venir. Standard and Poor's vient de rendre le sien. L’Italie reste notée triple B. Si la note ne bouge pas, elle est médiocre.  

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