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Italie: accusé d’inaction, le maire de Rome Ignazio Marino dans la tourmente
Déchets dans les rues, bus bondés, chaussée défoncée ou chantiers à l’abandon: l’image de la ville éternelle est écornée et son maire de centre-gauche, Ignazio Marino, se retrouve sous le feu des critiques jusque dans son propre camp.
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On connaissait la crise des déchets à Naples. Mais cette fois, c’est à Rome que les immondices s’entassent dans les rues. Sans parler du retard des bus qui circulent bondés et sans climatisation, des trous béants dans la chaussée et autres dégradations urbaines qui suscitent le mécontentement des habitants et des touristes.
Rome «ne mérite pas cela», a lancé Mateo Renzi, le 28 juillet 2015, dans une lettre ouverte au quotidien romain Il Messaggero dans laquelle le président du Conseil encourage le premier magistrat de la ville à «présenter des projets crédibles et concrets».
La réponse de ce dernier ne s’est pas fait attendre: Ignazio Marino a notamment annoncé, lors d'une conférence de presse, le nom de son nouvel adjoint aux Transports pour combattre la corruption.
«Quand je suis devenu maire, je n'imaginais pas que je trouverais ici des coffres vides, le crime organisé et la corruption», a souligné M.Marino en référence au démantèlement fin 2014 d'un vaste réseau de corruption. Mêlant des élus de droite et de gauche, des fonctionnaires municipaux et des entrepreneurs, ce système mafieux bien structuré a infiltré la mairie entre 2008 et 2013, sous le mandat de l'ex-maire de Rome, Gianni Alemanno (droite).
«Mafia capitale»
Ce scandale, baptisé Mafia capitale, a éclaté un an après l’arrivée, en juin 2013, d’Ignazio Marino au Capitole. Plus d’une soixantaine de personnes ont été arrêtées dont au moins la moitié font l'objet de poursuites.
En juin 2015, le Mouvement 5 étoiles et Casa Pound, officine d’extrême droite, ont réclamé la démission d'Ignazio Marino. L’hebdomadaire de gauche L’Espresso ne l’a pas épargné non plus, préconisant la mise sous tutelle préfectorale de la ville et de nouvelles élections, selon Le Monde, accentuant le doute sur la capacité de l'actuel maire à résoudre la crise.
En voulant augmenter le nombre de taxis, réduire les terrasses de cafés, chasser les vendeurs ambulants des principaux sites touristiques, le maire s’est fait beaucoup d’ennemis, de puissants lobbies bien relayés au niveau politique auxquels s’ajoutent les employés de l’Atac, la régie municipale des transports.
Tout en s’estimant «innocent», M.Marino semble indifférent aux critiques. «Vous ne pouvez pas imaginer combien de signaux de solidarité m’arrivent des Etats-Unis ou de l’Australie», a-t-il confié le 11 juin au quotidien La Repubblica, dans des propos cités par Le Monde. Au lieu de fermer la ville pour (cause de) Mafia, nous faisons en sorte de la fermer à la Mafia.»
Nouvelles pistes cyclables
Afin d’améliorer la mobilité et l'efficacité des transports, M.Marino a promis, d’ici à la fin 2015, la création de nouvelles pistes cyclables et de nouveaux couloirs de bus, le développement des voitures électriques, l’achèvement de la troisième ligne de métro et l’accélération des travaux d'entretien des rues. Côté nettoyage, 300 balayeurs supplémentaires seront embauchés, a-t-il également annoncé.
Ce catholique de 60 ans, favorable au mariage gay, n'ignore pas qu'à partir du 8 décembre 2015 des millions de pèlerins fouleront les rues romaines pour le Jubilé extraordinaire annoncé par le pape François. Lors du dernier Jubilé en 2000, près de 30 millions de pèlerins s'étaient rendus à Rome. Ce grand rendez-vous religieux aura aussi valeur de test pour la capitale italienne candidate pour accueillir les jeux Olympiques de 2024.
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