Démission de Mario Draghi : "Cette crise arrive au plus mauvais moment pour l'Italie, pour la France et pour l'Union européenne"
Mario Draghi a présenté, jeudi matin, sa démission en tant que Premier ministre italien. L'historien Marc Lazar nous éclaire sur le contexte de cette nouvelle crise politique.
"Cette crise arrive au plus mauvais moment pour l'Italie, mais aussi pour la France et l'Union européenne", assure Marc Lazar, spécialiste de la politique italienne et professeur à Sciences Po, jeudi 21 juillet sur franceinfo. Le président du Conseil italien Mario Draghi a présenté, jeudi matin, sa démission au président Mattarella. Le gouvernement reste en place pour "la gestion des affaires courantes". Si des élections ont lieu en octobre, l'une des possibilités est l'arrivée au pouvoir de la présidente du parti d'extrême droite Frères d'Italie, Giorgia Meloni. "Cela sera un tremblement de terre politique", s'inquiète l'historien.
franceinfo : Nous avons l'habitude de l'instabilité dans la vie politique italienne, mais avec cette démission de Mario Draghi, nous sommes tout de même dans quelque chose de particulier ?
Marc Lazar : Oui, notamment du fait du contexte dans lequel se déroule cette crise politique. Nous sommes dans un contexte de pandémie qui, certes, est à peu près jugulée, mais qui peut surgir à tout moment, ainsi que dans un contexte de très grandes difficultés économiques avec une inflation, des problèmes de pouvoir d'achat, une question énergétique absolument fondamentale pour l'Italie. Et puis, justement, il y a la guerre en Ukraine. Cette crise arrive donc au plus mauvais moment pour l'Italie, mais aussi pour la France et l'Union européenne.
Si Mario Draghi démissionne, c'est qu'il ne peut plus mener la politique qu'il juge nécessaire. Est-ce que c'est la lecture qu'il faut avoir ?
Oui, parce que depuis que le président de la République italienne lui a confié cette responsabilité en février 2021, il faut bien comprendre qu'ils ont fonctionné en tandem. Il n'y avait qu'un parti d'opposition, Frères d'Italie, qui est un parti d'extrême droite. Ce qui s'est passé hier au Sénat, c'est que trois partis, le Mouvement 5 étoiles, la Ligue et le parti Forza italia de Silvio Berlusconi ont décidé de ne pas voter la confiance. Alors certes, il a eu un nombre de députés et de sénateurs qui ont voté la confiance, mais ils considèrent que l'accord est rompu et qu'il ne peut plus exercer le mandat que lui avait donné le président de la République.
Est-ce que ce parti de droite extrême que vous évoquez n'est pas pour l'instant le seul vainqueur de cette crise ?
Ce n'est pas le seul vainqueur, mais c'est sans doute le vainqueur principal. Si l'on présente ce parti, il faut savoir que c'est un parti qui vient du fascisme. Il est en train de muer, littéralement, mais c'est un parti qui soulève beaucoup de questionnement. Il est dirigé par une femme, Giorgia Meloni, et ça, c'est très original. Ce parti est crédité actuellement de près de 22% des intentions de vote. Et s'il y a un vote, le 2 et le 9 octobre, c'est Frères d'Italie qui sera le parti dominant. En conséquence, Giorgia Meloni peut arriver à la place de Mario Draghi vers la fin du mois d'octobre, début du mois de novembre. Cela sera un tremblement de terre politique. C'est la première fois qu'une femme sera à la tête du pouvoir et d'autre part, c'est une femme très à droite, de droite radicale.
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