Conclave: un scandale de pédophilie rattrape un cardinal américain
La polémique enfle autour de la présence de l'ex-archevêque de Los Angeles à Rome. Roger Mahony fait partie des 117 cardinaux qui devront choisir le successeur de Benoît XVI. Mais sa participation à ce conclave papal est contestée par une association de catholiques américains, Catholics United (un Américain sur quatre se dit catholique). Une pétition en ligne avait reçu à la date du 18 février plus de 5.000 signatures.
«Cher Cardinal Mahony, restez à la maison. Votre implication dans le scandale de pédophilie de l’Eglise et votre interdiction d’exercer un ministère public par l’archevêché de Los Angeles devraient être pour vous une indication que vous ne devez pas assister au prochain conclave papal», réclame cette pétition.
Il compte bien se rendre à Rome
Le cardinal Mahony, 76 ans, est en effet accusé d'avoir couvert des cas de pédophilie présumés commis par une centaine d'hommes d'Eglise. Dans les années 80, le prélat avait fait en sorte d'envoyer les prêtres connus pour violences sexuelles sur enfants hors de l'Etat de Californie afin de les aider à échapper à la justice, selon des dossiers de l'Eglise rendus publics en janvier 2013 sur ordre de la justice américaine.
Bien que son successeur à Los Angeles, l'archevêque Jose Gomez, l'ait relevé de toutes ses fonctions «publiques et administratives», Roger Mahony a fait connaître son intention de se rendre à Rome.
«Si un cardinal est privé de ministère public dans son diocèse, pourquoi serait-il récompensé en étant autorisé à voter pour le prochain pape ?», interroge le texte qui accompagne la pétition. «Le cardinal Mahony aggraverait le scandale et la honte sur notre Eglise en assistant au conclave papal», est-il ajouté.
Mgr Scicluna : il a «commis des erreurs»
En réaction à la pétition, l'influent hebdomadaire italien Famiglia Cristiana (Famille chrétienne) a demandé à ses lecteurs si Roger Mahony, archevêque de Los Angeles de 1985 à 2011, devait participer au conclave chargé d'élire le prochain pape. Ils ont répondu «non» à une écrasante majorité.
Une vague de révélations
«Nous ne sommes absolument pas optimistes», a estimé Sue Cox, membre de l'association britannique Survivors Europe, et elle-même victime d'un prêtre pédophile. «Ils voudraient que l'affaire soit close et essaieront d'étouffer le passé.»
Plusieurs cardinaux élécteurs mis en cause
Outre Roger Mahony, d'autres cardinaux qui participeront au conclave seraient directement ou indirectement impliqués, selon des militants anti-pédophilie. Le cardinal belge, Godfried Danneels, 79 ans, a été mis en cause il y a trois ans après la saisie de documents informatiques à son domicile. Ceux-ci prouvent qu'il aurait aidé à cacher des centaines de cas de pédophilie. Le cardinal irlandais Sean Brady, 73 ans, chef de l'Eglise irlandaise pendant seize ans, avait présenté des excuses publiques en mai 2012 pour n'avoir pas référé à la police des exactions d'un prêtre pédophile de son diocèse commises dans les années 70.
Des associations de victimes, dont le Snap, demandent à l'Eglise de publier les noms des prêtres prédateurs sur internet et d'ordonner à tous les évêques de signaler systématiquement les cas d'abus à la police. Prises en main par de puissants cabinets d'avocats américains, ces affaires ont conduit huit diocèses américains à la faillite, en obtenant pour les victimes d'importants dommages et intérêts.
Le règlement à l'amiable des affaires de pédophilie a coûté plus de deux milliards à l'Eglise. Le Vatican a indiqué récemment qu'il continuait de recevoir près de 600 plaintes chaque année, pour des cas de pédophilie datant surtout des années 60, 70 et 80.
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