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Reportage "Chaque matin, des collègues en pleurs allument des bougies" : un an après la mort d'une journaliste d'Al-Jazeera, l'émotion reste intacte à Ramallah

Un musée au nom de Shireen Abu Akleh va ouvrir près des bureaux d'Al-Jazeera Palestine, où la journaliste travaillait avant d'être tuée le 11 mai 2022, alors qu'elle était en reportage. Un rapport accable l'armée israélienne.
Article rédigé par franceinfo, Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le bureau de Shireen Abu Akleh au siège d'Al-Jazeera Palestine, un an après sa mort en mai 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est le bureau de Shirin". Walid al-Omari, le directeur d'Al-Jazeera Palestine nous conduit dans une petite pièce figée dans le temps. "Chaque matin, je trouve des collègues de Shireen Abu Akleh en pleurs qui viennent ici allumer les bougies". Le 11 mai 2022, la journaliste Shireen Abu Akleh était tuée d'un tir de précision à Jénine dans le nord de la Cisjordanie occupée alors qu'elle portait son casque et un gilet pare-balles siglé "presse".

>> Cisjordanie : ce que l'on sait de la mort d'une journaliste d'Al-Jazeera lors d'une opération de l'armée israélienne

Le bureau déborde de photos et de couronnes de fleurs. Un keffieh et un drapeau palestinien ont été déposés. "Ce bureau sera déménagé dans le Musée des médias Shireen Abu Akleh. Il sera aussi un centre interactif pour les gens, notamment les étudiants et les enfants, pour apprendre comme devenir un bon journaliste, professionnel, sans être influencé par aucun des deux camps mais influencé seulement par la vérité."

20 journalistes tués, aucune poursuite judiciaire

Le Centre de Protection des Journalistes (CPJ) publie un rapport accablant pour l'armée israélienne. "Depuis 22 ans, 20 journalistes ont été tués, constate Orly Halpern, une journaliste israélo-américaine à l'origine de ce rapport. Personne n'a jamais été présenté à la justice, personne n'a été considéré comme responsable pour la mort d'un de ces journalistes. Dans de nombreux cas nous avons des preuves, des vidéos, des témoignages. La plupart des fois, il ne s'agit pas de savoir si Israël a tué des journalistes ou pas, mais si c'était volontaire et si Israël est coupable."

Le bureau de Shireen Abu Akleh au siège d'Al-Jazeera Palestine, un an après sa mort en mai 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La veille de sa mort, Shireen Abu Akleh avait rempli un formulaire pour demander quelques jours de congés. Son chef l'a signé avec pour mention "repos éternel".

Après avoir accusé les Palestiniens, Israël a admis à demi-mot un possible tir accidentel de l'armée israélienne mais sans engager aucune poursuite pour la mort de cette reporter palestino-américaine d'Al-Jazeera, très populaire. Plusieurs enquêtes indépendantes attestent sans aucun doute d'un tir israélien.

>> Mort de Shireen Abu Akleh : "La justice sera rendue quand le soldat israélien qui l'a abattue sera incarcéré", affirme sa nièce

Contactée par franceinfo, l'armée israélienne rappelle les difficultés qu'elle rencontre en opération dans la lutte anti-terroriste, et souligne l'importance de protéger la liberté de la presse.

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