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Nucléaire iranien: Obama triomphe de l'intransigeance de Téhéran et de Tel-Aviv

Contre vents, de son opposition Républicaine, et marées, de l’administration israélienne, Barack Obama aura réussi à mener à bon port un objectif majeur de ses deux mandats. L’accord conclu avec l’Iran sur son programme nucléaire contesté est le fruit de l’endurance dont il aura fait preuve face à l’intransigeance de Téhéran et Tel-Aviv et la menace qu’elle faisait planer sur la région
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Barack Obama, en présence du vice-président Joe Biden le 14 juillet à la Maison Blanche, se félicite du triomphe de la diplomatie dans le dossier nucléaire iranien. (Andrew Harnik/Pool via CNP)

A dix-huit mois de son départ de la Maison Blanche, Barack Obama a toutes les raisons du monde d’être satisfait de l’accord conclu à Vienne entre les 5+1 et l’Iran sur son programme nucléaire contesté. Sa politique de «la main tendue» au guide suprême Ali Khamenei en 2009 aura attendu six ans avant de pouvoir cueillir le fruit de sa diplomatie pacifiste.

Obama fait le choix du dialogue plutôt que la canonnière 
Rompant en effet avec la politique de menaces de son prédécesseur, Georges Bush, et au risque de déplaire aux alliés historiques des Etats-Unis, Israël et les pétromonarchies sunnites du Golfe, le président américain fait le choix du dialogue plutôt que la canonnière.
 
Quatre mois après son élection en novembre 2008, et à l’occasion de la fête iranienne de Norouz, il propose, dans un message vidéo adressé le 20 mars 2009 au régime et au peuple iraniens, d’établir des relations constructives entre les Etats-Unis, l’Iran et la communauté internationale: «Les Etats-Unis veulent que la République islamique d’Iran prenne la place qui lui revient dans la communauté des nations», dit-il, mais «on ne peut obtenir cette place par le terrorisme ni par les armes.»
 
«Nous accueillons favorablement la volonté du président américain de mettre de côté les différences passées», avait fait répondre le président de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad, mais «les Etats-Unis doivent reconnaître leurs erreurs du passé et les réparer.»
 
Une formule très protocolaire qui n’empêche pas pour autant Téhéran de construire une nouvelle usine de combustible à Ispahan, un deuxième site secret d’enrichissement à Fordo et de reprendre la production d’uranium enrichi à 20%, attestant de la dimension militaire de son programme.

L'Iran poursuit la mise en oeuvre du programme nucléaire 
Pris entre sanctions internationales qui éreintent son économie et oppositions internes entre tenants de la ligne dure du régime et réformateurs, l’Iran poursuit la mise en œuvre de son programme nucléaire faisant sortir le Premier ministre israélien de ses gonds.
 
En 2011, Benjamin Netanyahu met en garde à la chambre des représentants américains: «Maintenant, le temps nous est compté, leur dit-il, car le plus grand de tous les dangers pourrait bientôt s’abattre sur nous : un régime islamique doté de l’arme nucléaire.»

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lors de sa démonstration sur l'état d'avancement du nucléaire iranien le 27 septembre 2012, à l'Assemblée Générale de l'ONU. (Don Emmert/AFP)
 
En 2012, il revient à la charge à la tribune des Nations Unies en brandissant un schéma censé prouver que l’Iran avait atteint le seuil dangereux de 70% d’enrichissement de son uranium: «Ils n’ont besoin que de quelques mois, prévient-il, peut-être quelques semaines avant d’avoir suffisamment d’uranium enrichi pour la première bombe.»

Israël menace de frappes préventives
Une véritable campagne contre la diplomatie d'Obama, assortie chaque fois de menaces de frappes israéliennes préventives contre les installations nucléaires de la République islamique d’Iran. Notamment après l’élection en juin 2013 du président Hassan Rohani considéré comme un réformateur.
 
Des menaces qui ne semblent pas ébranler la détermination de Barack Obama d’aller jusqu’au bout de la logique du dialogue. Le 27 septembre 2013, il a un entretien téléphonique avec le président Rohani qui s’apprêtait à quitter New York où il se trouvait pour l’assemblée générale de l’ONU. Ce contact, le premier depuis trente ans à ce niveau entre les deux pays, permet de relancer les négociations avec l’aval incontournable du guide suprême Ali Khamenei.
 
Au terme de 21 mois de négociations et d’un round final de 17 jours, l’accord est annoncé à Vienne provocant une nouvelle fois la colère d’Israël. Pour Benjamin Netanyahu, cet accord est «une erreur historique et la levée des sanctions va permettre à l’Iran de recevoir des centaines de milliards de dollars pour faire fonctionner sa machine de terreur, son agression et son expansion au Moyen-Orient et dans le monde entier.»

«Dieu a exaucé les prières. Tous nos objectifs ont été atteints» a dit le président iranien Hassan Rohani le 14 juillet 2015, en réaction à l'accord sur le nucléaire. (AFP PHOTO/HO/Iranian presidency)

Un accord fondé sur les vérifications 
Une crainte que ne partage pas le président américain. Dans sa déclaration officielle, retransmise en direct par la télévision iranienne, Barack Obama a assuré que cet accord qui démontre l’efficacité de la diplomatie «n’est pas fondé sur la confiance. Il est fondé sur les vérifications.»
 
A l’attention du congrès américain qui peut bloquer le texte, il a ajouté que l’accord était «une occasion à saisir» et menacé d’opposer son veto à tout texte législatif qui menacerait sa mise en œuvre.
 
Quelques minutes après ce discours, le président Hassan Rohani saluait à son tour l’accord «point de départ pour éliminer la méfiance» et s’engageait solennellement en affirmant: «l’Iran ne cherchera jamais à avoir l’arme nucléaire.»
 

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