Cet article date de plus de dix ans.

Israël et la Nakba: une carte interactive des villages disparus

A l’occasion du 66e anniversaire de la création d’Israël, une ONG israélienne, Zochrot (se souvenir, en hébreu) a lancé une application pour téléphone mobile qui permet de retrouver les vestiges des villages palestiniens détruits en 1948. Objectif: «Faire prendre conscience aux Israéliens juifs de la Nakba (catastrophe en arabe), qui a déraciné des centaines de milliers de Palestiniens».
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La nouvelle application développée par l'ONG Zochrot, appelée «iNakba». (AFP PHOTO / THOMAS COEX)

L'application s’appelle iNakba et fait référence à la Nakba, un épisode consécutif à la création d’Israël ayant conduit environ 760.000 Palestiniens à l’exil forcé.
 
Sur une carte interactive, les Palestiniens de la diaspora ne pouvant se rendre en Israël pourront désormais consulter des photos d’hier et d’aujourd’hui, des témoignages d’anciens habitants ainsi que des informations sur les localités détruites et le déroulement des opérations d’expulsions. 

«De nombreux Palestiniens ont du mal à localiser leur ville d'origine et leur village car des villes ou des colonies juives ont été construites à leur place», explique Raneen Jeries, une Arabe israélienne de Zochrot, l'ONG qui a développé cette application.


Zochrot, basée à Tel-Aviv, milite en Israël pour la reconnaissance de la Nakba et du «droit au retour» des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, une perspective que rejettent catégoriquement les différents dirigeants israéliens, au nom du caractère «juif et démocratique» d'Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé le 1er mai son intention de soumettre une loi au Parlement pour inscrire constitutionnellement le statut d'Israël comme «Etat national pour le peuple juif».

Cette condition est posée par l'Etat hébreu pour parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens. Mais ces derniers se refusent à ce qu’ils considèrent comme une capitulation sur ce qu’ils ont de plus sacré, le souvenir de la Nakba, rappelant qu'ils ont reconnu Israël en 1993 et que la finalité d'un accord de paix est de «mettre fin à l'occupation qui a débuté en 1967».

418 villages détruits en 1948
 Un chroniqueur de gauche du quotidien israélien Haaretz, Gideon Lévy, a diagnostiqué des «symptômes classiques de trouble obsessionnel compulsif (TOC) dans les demandes incessantes d'Israël d'être reconnu par les Palestiniens comme l'Etat juif»«Personne ne sait définir exactement ce qu'est un Etat juif, ni ce qu'est son caractère juif», a souligné le journaliste, «mais tout est fait pour atteindre un objectif réalisé depuis longtemps».

Le 29 novembre 2013, le négociateur palestinien Saëb Erakat avait souhaité que «M.Netanyahu trouve la force de présenter ses excuses au peuple palestinien pour la destruction de 418 villages en 1948». D'après les statistiques palestiniennes, environ 5,3 millions de Palestiniens avec leurs descendants (sur plus de 11 millions dans le monde), sont recensés par l'ONU en tant que réfugiés en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Les festivités du jour de l'indépendance, marquant le 66e anniversaire de la création d'Israël, ont débuté le 5 mai 2014 au soir, conformément au calendrier hébraïque. Les Palestiniens, eux, commémorent la Nakba le 15 mai.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.