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Reportage "Ils ont tout réduit en cendres" : la ville d'Huwara en Cisjordanie occupée attaquée par des expéditions punitives de colons israéliens

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Youssef, transporteur, a vu son camion et trois de ses voitures être brûlés par les colons israéliens. (FREDERIC METEZEAU / FRANCEINFO)
Après la mort de deux Israéliens, tués par balle, à Huwara dans le nord de la Cisjordanie occupée, des colons israéliens ont mené des expéditions punitives. Un Palestinien a été tué et des centaines d'autres blessés. Dans la ville, le calme est revenu, mais les stigmates de cette explosion de violence sont encore bien visibles.

Sur un parking poussiéreux, des dizaines de carcasses de voitures calcinées sont entassées, c'est une partie des véhicules incendiés la nuit dernière. Dimanche, 26 février, deux Israéliens ont été tués par balle à Huwara dans le nord de la Cisjordanie occupée. Dans la soirée, des colons israéliens, par vengeance, ont mené des expéditions punitives.

Youssef, transporteur, a vu son camion et ses trois voitures brûler. Les yeux rouges de fatigue et de tristesse, il tire nerveusement sur sa cigarette et contemple les dégâts. "Ils sont venus de la colonie d'Itsar. Ils ont brûlé cette maison là-bas. Regardez plus loin, ils ont aussi incendié cette autre maison, il y a encore de la fumée. Quelle catastrophe, ils ont tout réduit en cendres, il y en a pour des millions de pertes."

"Ils ont fait tout ça avec la protection de l’armée israélienne."

Youssef, transporteur en Cisjordanie occupée

à franceinfo

Un Palestinien tué, des centaines de blessés

Dimanche soir, l'armée israélienne, qui occupe la majorité de la Cisjordanie, n'a presque pas bougé. L'armée a mis à l'abri des civils palestiniens, mais elle est restée passive face au déchaînement de violence des colons. Armés de pierres ou d'armes à feu, ces derniers s'en sont pris aux biens et aux personnes. Un Palestinien a été tué et une centaine d'autres blessés à Huwara et dans les villes aux environs.

Ata est bouleversé. "Les colons étaient armés. Ils ont tiré à balles réelles. Il y a eu des gaz lacrymogènes. Mes enfants n’ont pas fermé l’œil de la nuit. Ils sont terrorisés. Mon plus jeune fils n’a pas quitté mes bras, il est terrifié. Terrifié ! On a assisté impuissants à la destruction de nos biens. Si vous osez vous interposer, ils vous tuent."  

Une maison d'Huwara a été brûlée par les colons israéliens. (RONALDO SCHEMIDT / AFP)

Ali Abderamane, un secouriste expérimenté du Croissant Rouge palestinien, a lui aussi encore du mal à y croire. "Cette nuit, c’était la guerre en bonne et due forme. On ne pouvait même pas se déplacer pour secourir les gens. L’armée israélienne et les colons nous ont bloqué le passage. La ville suffoquait dans les gaz lacrymogènes et dans les fumées dégagées par les incendies. Cette nuit, c’était la guerre, la guerre !"

"Je suis secouriste depuis 1999 et jamais je n’ai vu un truc pareil. Cette nuit, c’était la guerre, la guerre !"

Ali Abderamane, un secouriste du Croissant Rouge palestinien

à franceinfo

Depuis ces expéditions punitives des colons israéliens, l'armée israélienne quadrille la ville pour protéger les colons qui circulent librement dans le secteur, quitte à empêcher les Palestiniens d'aller et venir. Pour eux, ces restrictions eux vont durer au moins trois jours.

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