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Le Saoudien Turki al-Fayçal au rassemblement des opposants iraniens à Khamenei

Lors du rassemblement annuel de l’opposition iranienne en exil, la présidente du CNRI, Maryam Rajavi, a dressé un bilan catastrophique de la gestion du pays, un an après l’accord sur le nucléaire iranien. Elle a également réussi à mobiliser des personnalités occidentales et arabes contre le régime de Khamenei, dont le prince Turki al-Fayçal, ancien chef des services de renseignements saoudiens.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Maryam Rajavi, présidente du CNRI, saluant Turki al-Fayçal, ancien chef des services de renseignements saoudiens, lors du rassemblement de l'opposition iranienne en exil, le 9 juillet 2016 au Bourget, en région parisienne. (Siavosh Hosseini/NurPhoto/AFP)

Plus déterminée que jamais à œuvrer à la chute du régime des mollahs dans son pays, la présidente du Conseil national de la résistance iranienne a fait le bilan d'un an de gestion du pays après l’accord sur le programme nucléaire de la République islamique d’Iran.
 
Devant des dizaines de milliers de partisans et sympathisants venus d’Europe, des Etats-Unis, d’Australie ou de pays arabes, et rassemblés au Bourget dans la grande banlieue parisienne, Maryam Rajavi a brossé un tableau sans appel de la situation du pays.
 
«Non au turban blanc! Non au turban noir! A bas le régime du guide suprême»
Après l’accord, a-t-elle dit, «des dizaines de délégations politiques et commerciales européennes se sont précipitées à Téhéran, mais elles n’y ont trouvé qu’un régime sans argent, sans stabilité et corrompu jusqu’à la moelle. L’économie devait se remettre sur pied, mais elle est encore plus enfnoncée dans la récession qu’avant, le système bancaire est en faillite et les entreprises ferment à foison.»
 
Sous le slogan «Non au turban blanc ! Non au turban noir ! A bas le régime du guide suprême», elle a attribué l’échec tant au Guide suprême Ali Khamenei qu’à la faction dite «modérée» du tandem Rohani-Rafsandjani et dénoncé les ingérences iraniennes dans les pays voisins, «dont au moins six ont rompu leurs relations avec le régime».


«Au cours de cette année, une grande partie des sanctions a été levée et les exportations de pétrole ont augmenté, mais l’argent a été englouti dans le brassier de la guerre en Syrie», a-t-elle rappelé.
 
Une dénonciation habituellement partagée par de nombreuses personnalités étrangères, mais, exceptionnellement cette année, par une personnalité saoudienne de premier plan.
 
Le prince saoudien Turki al-Fayçal veut la chute du Khomeynisme
En plein affrontement entre Téhéran et Ryad par plusieurs pays interposés (Irak, Syrie, Yémen, Liban ou Bahreïn), le prince Turki al-Fayçal, ancien chef des services de renseignements saoudiens durant 20 ans et actuel Président du centre du roi Fayçal pour la recherche et les études islamiques, a pris la parole sous les applaudissement de milliers d’opposants iraniens.
 
Faisant l’éloge de la richesse de l’héritage de l’empire perse Sassanide, il s’en est pris au régime d’aujourd’hui dirigé par des religieux qui sont «loin de diriger le pays vers une démocratie moderne», a-t-il dit.
 
«Votre combat légitime contre le régime de Khomeiny atteindra son but bientôt et non plus tard», a-t-il dit. Interrompu par la foule qui scandait, en arabe dans le texte, le premier slogan du printemps tunisien «le peuple veut la chute du régime»,  il a relancé en disant: «Et moi aussi, je veux la chute du régime».


Largement repris par la presse saoudienne, le prince al-Fayçal s’est ensuite adressé à la présidente du CNRI : «Et vous, Maryam Rajavi, vos efforts pour débarrasser votre peuple du cancer khomeyniste est une épopée historique qui, comme le Shahnameh, restera inscrite dans les annales de l’histoire», a-t-il déclaré, en référence au fameux Livre des rois en persan..
 
Téhéran dénonce «l'obscénité et la stupidité politique» de l'Etat saoudien
Si Turki al-Fayçal partage avec les opposants iraniens leur soutien à la rébellion syrienne contre Bachar al-Assad, dont il dit qu’il doit connaître le même sort que Abou Bakr al-Bagdadi, le calife autoproclamé de l’Etat islamique, il s’est définitivement fait de la République islamique d’Iran un ennemi.
 
Téhéran a en effet aussitôt réagi à la participation de l’ancien patron du renseignement saoudien, traité pour l’occasion de «père des Talibans et d’Al-Qaïda et partenaire des sionistes», à la réunion des Moujahidines à Paris. Selon une source du ministère des Affaires étrangères citée par l'agence ISNA, elle est «le signe de la frustration de l’Etat saoudien et un nouvel exemple de l’obscénité et la stupidité politique».

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