Cet article date de plus de huit ans.

L’ancien président iranien Rafsandjani attaque Ali Khamenei par ricochet

A moins d’un mois des élections en Iran, l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani est sorti de sa réserve. Considéré comme un des ténors du camp dit réformateur, il a pris la défense de la candidature du petit-fils de l’ayatollah Khomeiny, invalidée par le Conseil des gardiens de la Constitution. Une attaque directe contre cette institution-clé et par ricochet contre le guide suprême.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani, votant aux législatives du 2 mars 2012, invoque le nom de Khomeini pour attaquer Khamenei. (REUTERS/Stringer IRAN)

«Ils ont disqualifié le petit-fils de l’imam Khomeini, qui nous rappelle tant son grand-père.» C’est en ces termes nostalgiques, rapportés par l’agence des étudiants iraniens ISNA, que l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani s’en est pris, lundi 1er février, à une institution-clé du régime.

Rafsandjani attaque une institution clé du régime               
A 78 ans, ce ténor du camp réformateur a lancé une offensive contre le Conseil des gardiens de la Constitution, l’entité religieuse de douze membres chargée de superviser les élections et la législation, contrôlée par les conservateurs et le Guide suprême lui-même.
 
A quelques jours de la double élection, du Parlement et de l’Assemblée des experts, qui élit le successeur du guide et pour laquelle il est candidat, le 26 février 2016, Rafsandjani sort du bois.
 
Il a critiqué avec des mots très durs, l’invalidation en janvier 2016 de 7.000 candidatures, la plupart de réformateurs, dont celle de Hassan Khomeini, sur les 12.000 dans la course à l’Assemblée. A 43 ans, le petit-fils du fondateur de la République islamique, en 1979, est le premier de la famille à briguer un mandat.
 
«Qui a décidé que vous étiez qualifiés pour juger les autres»

Lors d’une cérémonie marquant le 37e anniversaire du retour d’exil de l’ayatollah Khomeiny, Rafsandjani a lancé à l’adresse des conservateurs: «Qui a décidé que vous étiez qualifiés pour juger les autres ? Qui vous a donné le droit de détenir toutes les armes, de dominer les lieux de prière le vendredi et de diriger la télévision publique?»
 
Une remise en cause de tout un système par celui-là même qui dirigeait la prière du vendredi à Téhéran, avant d’en être déchargé pour avoir soutenu l’opposition lors de l’élection présidentielle contestée de 2009.
 
Rafsandjani s’abritait ainsi derrière un nom prestigieux et intouchable pour décocher ses critiques contre le Guide suprême.

Des mesures anti-réformateurs 
Sa disqualification par le Conseil des gardiens avait été annoncée alors que le président Rohani se trouvait en déplacement en Europe pour renouer des liens économiques et commerciaux avec la France et l’Italie.
 
Une ouverture à laquelle s’opposent les conservateurs qui ont aussitôt pris des mesures pour s’assurer de garder contrôle sur le Parlement et l’Assemblée des experts.
 
Des mesures contre le président iranien lui-même, puisque le petit-fils de Khomeini est engagé dans une alliance informelle avec Rafsandjani et Rohani.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.