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La bataille de Ramadi met l'Iran à découvert en Irak

La prise de Ramadi par les djihadistes du mouvement de l’Etat Islamique a révélé une nouvelle fois la fragilité du dispositif de défense irakien, mis en place par le pouvoir à Bagdad avec le soutien de Washington. Mais elle a, par la même occasion, mis à nu la stratégie de conquête iranienne du pays d’«entre les deux fleuves».
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Au moins 25.000 personnes ont fui Ramadi ces derniers jours, selon l'ONU, pour échapper à la prise de contrôle de la ville par les combattants du groupe de l'Etat islamique, le 17 mai 2015.   (AFP Photo/Sabah Arar)

Pour contrer l'avancée du mouvement de l’Etat islamique dans le triangle sunnite de la province d’al Anbar,Tikrit-Falloujah-Ramadi, le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi se refusait jusque là à engager autre chose que les forces gouvernementales dans la bataille. Son principal souci étant d'éviter d’envenimer les relations déjà meurtrières entre communautés sunnite et chiite.

Des milices chiites encadrées par la force Al Qods
La prise de Ramadi, dans les mêmes circonstances de débandade de ces forces qu’à Mossoul en juin 2014, le contraint désormais à faire intervenir les combattants des «Unités de mobilisation populaire». Un terme pudique pour qualifier des milices chiites déjà connues pour leur combat contre l’Etat baasiste de Saddam Hussein et contre la présence américaine en Irak. En tout cas, une force encadrée et parrainée surtout par le Général Qassem Soleimani, commandant des forces spéciales Al Qods en charge des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranienne.

Le Général iranien Qassem Soleimani commandant de la force Al Qods et responsable des opérations extérieures de soutien aux pouvoirs irakien et syrien. (DR)

«Absolument confiants» que la situation peut être renversée en quelques jours, selon la formule du secrétaire d’Etat John Kerry, les Etats-Unis ont même reconnu que ces milices avaient «un rôle à jouer à Ramadi, tant qu’elles sont sous le contrôle du gouvernement irakien».
 
Difficile de le croire puisque dès le lendemain de la chute de Ramadi, le ministre de la Défense iranien était à Bagdad pour réaffirmer «son soutien à l’unité et l’intégrité de l’Irak». Le général Hossein Dehgan a même précisé que «la République Islamique restera aux côtés du peuple et du gouvernement irakien tant qu’ils le veulent». Autant dire une reprise en main ferme par Téhéran de la défense du sol irakien, considéré comme pré carré chiite par la République Islamique, contre l’expansionnisme du Califat sunnite d’Abou Bakr al Baghdadi.

Les tribus sunnites alternent les alliances
Déchirés entre un ralliement au pouvoir central en échange d’armes et de financement qui tardent à venir et la tentation du djihadisme contre un pouvoir jugé trop favorable aux chiites, les tribus sunnites d’al Anbar semblent avoir fait le choix de l’alternance. L’intervention des milices dans la bataille de Ramadi risque de les maintenir malgré eux dans le camp du mouvement de l’Etat Islamique et de prolonger durablement la guerre.. 

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