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Iran: le Varzesh-e Pahlavani, corps et âme

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
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En Iran, le Varzesh-e Pahlavani, mélange de diverses pratiques corporelles (lutte, musculation, danse…), est un sport traditionnel. Mais il mêle aussi divers éléments spirituels venus du zoroastrisme, du mithraïsme et du soufisme. Symbole de fierté pour le peuple iranien, le Varzesh-e Pahlavani a été inscrit en 2010 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.

13 photos de François-Olivier Dommergues illustrent ce propos.

Pour lutter contre l’envahisseur arabe, les guerriers perses s’entraînaient à la lutte cachés dans des sous-sols qui furent nommés zourkhaneh, «maison de la force, de la chevalerie et de la générosité». Au fil de l’histoire, les lutteurs, les pahlavans, continuèrent de pratiquer le Varzesh-e Pahlavani que l’on peut traduire par «sport antique» ou «sport traditionnel».  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
Ses premières traces remontent au «Livre des rois», long poème épique et œuvre fondatrice de la culture iranienne. Avec la conquête et l’islamisation du pays par les Arabes à partir du VIIe siècle, il a intégré au fil du temps les valeurs spirituelles du soufisme. Sortant de la simple pratique sportive, il est devenu rite initiatique et spirituel.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
sous le règne de Nassereddin Shâh (1848-1896). De nombreuses zurkhanehs sont alors construites. Tous les 21 mars, pour le Nouvel an iranien, les lutteurs sont désignés pour devenir les dignes représentants de ce sport national devant le Shah. C’est à cette époque qu’apparaissent les lutteurs les plus célèbres, comme Pahlavan-e Bozorg Razaz, Pahlavan Boloorforoush, Pahlavan Toosi ou Jahan Pahlavan Takhti.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
le Varzesh-e Pahlavani est peu à peu rejeté. Nombre de zourkhanehs, considérés comme des lieux sacrés, ferment leurs portes. De plus, la jeunesse préfère se tourner vers des sports plus modernes. Aujourd’hui, il reste environ 500 lieux où le pratiquer dans tout le pays, dont une vingtaine dans la capitale Téhéran. (François-Olivier Dommergues/SIPA)
mélange de culturisme, de gymnastique, de danse, d’art martial et de prières, est source de fierté pour tous les chiites. Les pratiquants doivent posséder force et agilité, une morale irréprochable et faire preuve d’une grande piété. Pour les garants de la tradition, les valeurs ancestrales enseignées sont immuables: respect de la loi, bravoure, discipline mais aussi humilité, générosité et fraternité.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
les zourkhanehs, sont sacrés car seules les âmes pures peuvent y pénétrer. Les lutteurs y accèdent par une petite porte, ce qui les oblige à se baisser en signe d’humilité. Les exercices ont lieu dans une fosse d'un mètre de profondeur, sur un sol octogonal de 10 à 20 mètres de diamètre.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
prière à la gloire du pays. Puis les pratiquants prient aussi pour conserver santé, force, joie et garder le respect envers les anciens. Que leurs combats permettent d’aider les plus faibles, que Dieu les éloigne du pêché. Qu’ils soient pauvres ou riches, tous sont animés d’une incroyable ferveur religieuse.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
Ils commencent leur séance en embrassant le kabbadeh, sorte d’haltères en métal en forme d’arc mesurant entre un mètres et un mètre cinquante. Ses extrémités sont reliées par une chaîne où sont suspendus des disques de métal. Le pratiquant le fait tourner au-dessus de sa tête au rythme des percussions et des chants du morshed, le joueur de tambour. (François-Olivier Dommergues/SIPA)
un instrument composé de deux masses en bois. Son poids peut atteindre 50 kilos. Le but est d’apprendre à manipuler des objets lourds pour pouvoir se défendre en cas de combat. Les pahlavans les plus expérimentés font tournoyer leurs poids au-dessus de leurs têtes comme de de véritables jongleurs. (François-Olivier Dommergues/SIPA)
une sorte de bouclier en bois pouvant peser 40 kilos. Les athlètes allongés sur le dos effectuent de véritables exercices de musculation pratiquant d’étranges développés-couché.   (François-Olivier Dommergues/SIPA)
Ce maître de cérémonie assis en hauteur sur une plateforme (la sardam) chante et psalmodie des poèmes en frappant son tombak. Quand des champions de haut niveau pénètrent au centre de la piste, le morched fait sonner une  cloche, la zang. Quand un athlète veut présenter son enchaînement, il doit d’abord demander l’accord aux plus âgées. (François-Olivier Dommergues/SIPA)
en plus des exercices de musculation, il en est d’autres plus apparentés à la danse. C’est toujours le plus jeune qui commence la démonstration au centre du cercle. Tournant sur lui-même comme une toupie, d’abord seul, il est rejoint peu à peu par les autres lutteurs. Le plus ancien termine la danse qui peut parfois durer 15 minutes.  (François-Olivier Dommergues/SIPA)
Ce combat remonte à l’antiquité où plus de 200 techniques défensives et offensives étaient enseignées. Il existe aujourd'hui en Iran différents styles: traditionnel, kurde, turcoman ou Gilaki. Quand la séance est terminée, avant de quitter les lieux, les sportifs s’agenouillent et embrassent le sol, ainsi que leurs instruments. (François-Olivier Dommergues/SIPA)

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