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Iran : Faezeh Rafsandjani défie le régime en rencontrant une dirigeante bahaïe

En rencontrant une dirigeante Bahaïe, une communauté d’«infidèles» pour la République islamique d’Iran, Faezeh Hachémi, la fille de l’ancien président Rafsandjani, réalise un coup politique à plusieurs bandes. En opposante, elle met en lumière une communauté persécutée, souligne l’iniquité du régime et accentue le fossé entre conservateurs et réformateurs dont son père est un des fers de lance.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'image de la rencontre entre Faezeh Hachémi Rafsandjani (en tchador), fille de l'ancien président iranien, et la dirigeante bahaïe, Fariba Kamalabad, publiée par le site Iran press Watch le 13 mai 2016. (Capture d'écran du site Iran Press Watch / iranwire)

Initiative personnelle d’une opposante de plus en plus affirmée au système des mollahs ou en mission indirecte pour le compte de de sa famille, Faezeh Rafsandjani, fille de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, secoue une fois de plus la vie politique iranienne.

Dans un geste de défi aux autorités, elle a rencontré Fariba Kamalabadi, une des chefs de la communauté Bahaïe, qui elle-même bénéficiait d’une autorisation de sortie de prison de cinq jours pour voir sa famille.

Les Bahaïs, une communauté d'«infidèles et d'espion» pour le régime 
Estimés à 300.000 en Iran, les adeptes du Bahaïsme, du nom de Baha’ u’llah (Gloire de dieu), le fondateur de cette religion abrahamique et monothéiste au XIXe siècle, sont en effet considérés par le régime islamique comme des «infidèles».
 
Adhérents d’une religion qu’ils veulent «mondiale et indépendante», ils revendiquent 100.000 centres dans le monde dont le siège central se trouve à Haïfa. Mais il n’y a qu’en Iran qu’ils sont accusés d’espionnage pour le compte de l’Etat Hébreu et sont régulièrement persécutés par les autorités.
 
Fariba Kamalabadi avait d’ailleurs été arrêtée, il y a huit ans, avec six autres dirigeants de la communauté, pour «espionnage, outrage au sacré et propagande contre la République Islamique», qui les a condamnés à 20 ans de prison. Une peine réduite, en appel en 2015, à 10 ans.

Désavouée par son père, Faezeh Hachémi Rafsandjani maintient sa position 
Même si sa rencontre avec «une espionne», en compagnie de Nasrin Sotoudeh, une avocate des droits de l’Homme, a été dénoncée par les milieux conservateurs et qualifiée «d’erreur à réparer» par son propre père, Faezeh a défendu sa position.
 
«J’ai simplement rendu visite à une amie, c’est tout», a expliqué, très sibylline, l’opposante de l’intérieur à la chaîne Euronews en persan. «C’était une rencontre normale et anodine» a-t-elle ajouté, comme pour souligner que, pour elle, les Bahaïs sont des Iraniens comme les autres.
 
Forte de l'influence politique et financière de sa famille, Faezeh a rappelé qu’elle avait connu Fariba en 2012 à la prison d’Evin. Elle avait elle-même été condamnée à 6 mois d’emprisonnement pour «propagande contre le régime et atteinte à la sécurité nationale».

Faezeh dénonce des infractions du régime aux recommandations de l'Imam Ali 
«Mes relations avec Fariba et d’autres en prison étaient amicales. Je pense que c’est une question de droits de l’Homme, et je crois que les Bahaïs doivent bénéficier des mêmes droits que tout le monde», a déclaré Faezeh au site IranWire.
 
Elle a même dénoncé les pratiques de la République islamique en infraction avec la recommandation de l’Imam Ali «de respecter les droits de ceux qui ne partagent pas la même foi».
 
Par son geste, la fille de l’ancien président, dont le frère Mehdi, arrêté en même temps qu’elle, purge une peine de dix ans pour escroqueries et détournement de fonds, s’impose comme une nouvelle figure de proue de la contestation.
 
Sa démarche intervient au moment où Washington a appelé Téhéran à libérer les sept dirigeants de la communauté Bahaïe emprisonnés. Le porte-parole du Département d’Etat a également demandé aux autorités iraniennes de «garantir la liberté d’expression, de religion, d’opinion et d’assemblée pour tous les citoyens». 
 
 
 
 

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