Cet article date de plus de huit ans.
CANNES 2016. «Le Client» de Farhadi offre une double récompense à l'Iran
«Le Client (Forushande)» du cinéaste iranien Asghar Farhadi est reparti avec deux des sept prix décernés aux films en compétition pour la 69e édition Festival de Cannes qui a refermé ses portes dimanche 22 mai 2016. «La reconnaissance et la distinction qui nous sont adressés rendent hommage (au cinéma de) notre pays», a déclaré Asghar Farhadi.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
C'est le film social du Britannique Ken Loach, Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake), qui est reparti avec la Palme d'or, mais le palmarès de l’édition 2016 du Festival de Cannes s'apparente à un plébiscite pour le septième art iranien.
Le jury, présidé par l'Américain George Miller, a décerné le prix d’interprétation masculine et celui du scénario au film Le Client (Forushande), écrit et réalisé par le réalisateur Asghar Farhadi, désormais l'un des plus célèbres ambassadeurs de l'industrie cinématographique iranienne.
La fiction raconte l'histoire d'un couple de comédiens - Emad (Shahab Hosseini) et Rana (Taraneh Alidousti) - dont la vie est bouleversée à la suite de l'agression de Rana dans un nouvel appartement prêté par un ami, alors que le leur est en attente de travaux de réfection. Emad se lance alors sur la piste de l'agresseur de sa compagne, au risque de nuire à sa vie de couple.
«Un hommage au cinéma iranien»
Shahab Hosseini et Asghar Farhadi ont dédié leurs récompenses à l'Iran et à leurs compatriotes. «Ce prix, je le dois à mon peuple, donc de tout mon coeur (et) avec tout mon amour, c'est à lui que je le rends», a déclaré le premier après avoir rendu un hommage à son père décédé. «Ce que je ressens fortement ce soir, c’est la joie que doit éprouver mon peuple, le fait que parmi les prix décernés, deux aient été remportés par notre pays », a-t-il rajouté plus tard lors de la conférence de presse des lauréats.
«Je reçois ce prix comme un hommage au cinéma iranien», a confié pour sa part Asghar Farhadi à Géopolis. «D’ailleurs dans mon film, il est fait allusion à un vieux film iranien, «La Vache». Un film culte tourné en Iran il y a plusieurs décennies et qui n’a peut-être pas encore eu la reconnaissance méritée à l’étranger. C’est pourtant un chef d’œuvre du cinéma mondial. Ce film-là est le signe de la vivacité du cinéma depuis des décennies dans notre pays».
«Avant la révolution, de grands réalisateurs ont fait de grands films. Malheureusement certains d’entre eux n’ont pas pu travailler par la suite», a poursuivi Asghar Farhadi. «D’autres ont ensuite apporté leur pierre à l’édifice de cette forme artistique, tellement puissante en Iran. Aujourd’hui, la reconnaissance et la distinction qui nous sont adressés rendent hommage à cet art et à cette expression artistique, et notamment à ces cinéastes qui ont su suscité en moi, petit, l’amour du cinéma».
Retour aux sources
Le Client s'apparente à un retour aux sources pour le cinéaste iranien qui a mis à profit le temps d'attente nécessaire à la mise en place d'une équipe pour un projet de film en Espagne. «C’était l’occasion pour moi de faire un film en Iran, pour mon plus grand bonheur. Je n’étais pas à l’aise avec l’idée de tourner deux films successifs à l’étranger et de m’éloigner de l’exercice d’un tournage dans mon pays», a expliqué Asghar Farhadi.
Son expérience européenne, Le Passé, était déjà en lice pour la Palme d'or 2013. Le film a valu à la comédienne française Bérénice Béjo, qui incarne l'héroïne, un prix d'interprétation féminine à Cannes.
Une Séparation, pour lequel Shahab Hosseini avait été également distingué pour son interprétation notamment au Festival de Berlin, a décroché l'Oscar du meilleur film étranger en 2012.
> «Le Client» d’Asghar Farhadi, avec Shahab Hosseini et Taraneh Alidoosti
Sortie française: 2 novembre 2016
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.