Cet article date de plus d'onze ans.

Sommet entre les deux pays les plus peuplés de la planète

Chine et Inde, les deux pays les plus peuplés de la planète, se sont engagés à «la paix et la tranquillité» tandis que dans la presse indienne, le Premier ministre chinois, en visite en Inde, le 20 mai, appelait à «une poignée de main au-dessus de l'Himalaya».
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Premier ministre chinois Li Keqiang (à gauche) avec le Premier ministre indien Manmohan Singh, à New Delhi (20 mai 2013). (PRAKASH SINGH/AFP)

Li Keqiang, le Premier ministre chinois, qui a pris ses fonctions en mars 2013, assure que les deux géants asiatiques peuvent devenir le moteur de la croissance mondiale.

Avec 2,5 milliards d'habitants à eux deux et des taux de croissance à faire pâlir n'importe quel dirigeant européen, le numéro deux chinois sait de quoi il parle. Mais sa visite en Inde permet aussi de faire le point entre les deux pays sur certaines frictions.

Cette visite symbolique fait d'ailleurs suite à un incident frontalier entre les deux géants qui partagent une frontière commune de plus de 3000 km le long de l'Himalaya, notamment. Une frontière au tracé contesté sur plusieurs secteurs.

«La paix mondiale et la stabilité régionale ne peuvent être une réalité sans une confiance mutuelle stratégique entre l'Inde et la Chine. De la même façon, le développement et la prospérité mondiales ne peuvent être une réalité sans la coopération et le développement simultané de la Chine  et de l'Inde», a déclaré le 20 mai le Premier ministre chinois, dans un discours improvisé lors de la cérémonie organisée pour sa visite au palais présidentiel.

La dernière guerre sino-indienne
L'incident qui a eu lieu en avril 2013 montre que le tracé de la frontière entre les deux pays n'est toujours pas figé. Lors de cet incident, des soldats chinois s'étaient installés dans une zone que les Indiens considèrent comme indienne. Le face-à-face a duré près de trois semaines. Un accord a été conclu le 5 mai, sur un retrait commun des deux armées de la zone contestée.

Depuis la révolution de 1949, les Chinois contestent le tracé de leur frontière avec l'Inde, issue d'un accord colonial remontant à la présence britannique (la ligne McMahon). Cette contestation s'était avivée une première fois avec l'annexion du Tibet par Pékin.

En 1962, la Chine avait lancé une opération militaire contre l'Inde pour récupérer quelques territoires. La victoire chinoise – qui se déroulait dans un contexte plus large d'opposition entre la Chine maoïste et la Russie, soutien de l'Inde – n'avait pas mis fin aux revendications des deux pays dans certaines zones himalayennes. Les deux pays ne parlent pas de frontière mais de «ligne de contrôle actuelle» (LAC). Un groupe de travail devrait être constitué pour un accord durable.

Les tensions entre les deux pays avaient été vives aussi à l'occasion des conflits avec le Pakistan.

Rivalités commerciales
Avec le recul des tensions territoriales et la fin des blocs, les rivalités entre les deux voisins sont aujourd'hui essentiellement économiques et commerciales.

Les deux pays craignent toujours de voir leurs routes commerciales mises en cause ou des alliances régionales leur faire de l'ombre. La Chine organise son commerce maritime en se passant de l'Inde. «Les projets portuaires chinois se multiplient, du Kenya au Bangladesh en passant par le Myanmar, le Pakistan, le Sri Lanka», notait  Jean-Louis Dufour, expert militaire.

Mais plus concrètement, l'Inde, moins puissante économiquement, mais moins dépendante de la situation mondiale, presse Pékin de faire davantage pour réduire le déficit commercial de l'Inde à l'égard de la Chine, qui représente 29 milliards de dollars. Ce à quoi le Premier ministre chinois a répondu en parlant de parvenir à un «équilibre dynamique» des échanges commerciaux entre les deux superpuissances.

Il est vrai que ces échanges n'ont cessé d'augmenter. Ils étaient de trois milliards de dollars en 2000 contre 61,7 milliards en 2010, selon Le Monde Diplomatique. Le but est de porter ce chiffre à 100 milliards en 2015 (loin des 546 milliards entre l'Europe et la Chine).

Quelles que soient les tensions entre les deux pays, les rivalités territoriales ou commerciales, «ce qui est structurel, c’est la capacité des Indiens et des Chinois à découpler des relations bilatérales en dents de scie et leur association contre l’Occident dans des instances multilatérales», note le chercheur Christophe Jaffrelot.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.