Huit personnes ont été jugées coupables lundi pour leur responsabilité dans la catastrophe de Bhopal
Parmi les coupables figurent Keshub Mahindra, président de la branche indienne du groupe Union Carbide, propriétaire de l'usine d'où s'était échappé le gaz mortel qui avait fait, le 3 décembre 1984, des milliers de morts.
Plusieurs cadres supérieurs indiens ont aussi été condamnés. Le tribunal de Bhopal prononcera les peines à une date ultérieure.
Ces huit inculpés ont été jugés coupables de "mort par négligence". Ils avaient été accusés d'homicide en 1987 mais, à l'indignation des survivants, la cour suprême avait réduit les chefs d'accusation en 1996. Ils risquent une peine de deux ans de prison au maximum. Laissés libres sous caution, ils devraient faire appel.
L'Américain Warren Anderson, alors PDG de Union Carbide, figurait parmi les accusés, mais il n'a pas été nommé lors du verdict après que la cour l'eut déclaré "en fuite".
La pire catastrophe industrielle
Aux premières heures du 3 décembre 1984, un nuage de gaz s'échappe de l'usine américaine de pesticides Union Carbide, tuant presque instantanément des milliers d'habitants de cette ville du centre de l'Inde et des alentours et faisant dans les années suivantes des dizaines de milliers de morts et de malades.
Selon les chiffres du gouvernement, 3.500 personnes ont succombé les trois premiers jours suivant la tragédie mais, selon le Centre public de recherche médicale (ICMR) il y a eu entre 8.000 et 10.000 morts parmi la population. Selon l'ICMR, la catastrophe et ses conséquences ont tué 25.000 personnes jusqu'en 1994. Amnesty International parle de 22.000 à 25.000 personnes mortes après des années d'exposition aux déchets toxiques laissés sur place.
Les statistiques du gouvernement compilées après 1994 ont établi qu'au moins 100.000 personnes vivant près de l'usine, située dans l'Etat du Madhya Pradesh, étaient victimes de maladies chroniques, plus de 30.000 d'entre elles habitant dans des zones où les nappes phréatiques ont été contaminées.
Le groupe américain Dow Chemical, qui a racheté Union Carbide en 1999, juge que celui-ci "a fait tout ce qu'il a pu pour aider les victimes et leurs familles" et que le gouvernement indien devrait prendre en charge la fourniture en eau potable et les soins médicaux de la population.
Un accord avait été passé par Union Carbide en 1989 avec le gouvernement indien pour le versement de 470 millions de dollars d'indemnisations, avec abandon de poursuites pénales.
Union Carbide et ensuite Dow Chemical ont affirmé que l'accident était dû à un sabotage mais les victimes luttent toujours pour connaître la vérité et recevoir des indemnisations plus importantes.
"La justice ne sera rendue que si des individus et des entreprises responsables reçoivent une peine exemplaire", a estimé Rashida Bee, présidente d'une association de femmes employées dans le secteur du gaz à Bhopal .
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