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Hugo Chavez, populaire pour les uns, populiste pour les autres

PORTRAIT | Le président vénézuélien est décédé ce mardi à l'âge de 58 ans, après deux ans de lutte contre un cancer. Inspiré du révolutionnaire Bolivar, fils spirituel de Fidel Castro, ce président autoritaire était populaire dans son pays, couronné de nombreux succès électoraux. Son action s'est traduite par des mesures pour les plus pauvres et une opposition farouche aux Etats-Unis.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Jorge Silva Reuters)

Il rêvait d'être joueur de
base-ball ou peintre. Il a finalement été militaire, puis chef d'Etat. Hugo
Chavez, président du Venezuela, est mort des suites d'un cancer contre lequel
il luttait depuis deux ans, ce mardi, à l'âge de 58 ans. Réélu pour un troisième
mandat
de six ans à la tête du pays en octobre dernier, il n'a jamais pu prêter
serment.

> Lire notre article Le président vénézuelien Hugo Chavez est mort

Sa carrière politique,
Hugo Chavez la débute en 1994. Gracié par le président Rafael Caldera, Chavez,
Lieutenant-Colonel de l'armée vénézuélienne sort de prison après une tentative
de coup d'Etat menée en 1992. Il transforme son mouvement révolutionnaire, le
MBR, inspiré des idées du révolutionnaire Simon Bolivar, libérateur des
colonies espagnoles d'Amérique du Sud, en parti politique légal, le MVR.

Une nouvelle
Constitution en 1999

C'est donc par la voie des
urnes que Chavez arrive à la tête du pays en 1998. Investi en février 1999, il
fait adopter une nouvelle Constitution, qui fait du Venezuela la République
Bolivarienne du Venezuela. Réélu en 2000, puis en 2006, il tente à nouveau de
modifier la Constitution en 2007 pour y inscrire le socialisme et abolir la
limite du nombre de mandats pour un président. Ce référendum sera son seul
échec politique ; il parvient à faire passer la réforme de la Constitution par
un nouveau référendum en février 2009.

La politique sociale et
économique socialiste d'Hugo Chavez le rend très populaire auprès des couches
les plus défavorisées de la population. Après son élection de juillet 2000, il
lance une vague de nationalisations. Il distribue aux paysans des millions
d'hectares de terre, et crée des écoles et des dispensaires médicaux gratuits
dans les quartiers défavorisés. Sous l'ère Chavez, la pauvreté baisse au
Venezuela, et le pays connaît une croissance moyenne de 12% par an.

Le leader du socialisme
latino-américain

Très proche de Fidel
Castro dont il se considère comme le fils spirituel, Hugo Chavez tisse des
liens avec la plupart des autres dirigeants d'Amérique du Sud : il multiplie
les accords stratégiques et économiques avec le Brésil, la Bolivie, l'Argentine
ou encore le Nicaragua. Seule la Colombie d'Alvaro Uribe, pro-américain, lui
résiste, et l'accuse de soutenir la guérilla des FARC.

Car l'ennemi numéro un de
Chavez, ce sont les Etats-Unis. Dès son arrivée au pouvoir, il limoge les
dirigeants des compagnies nationales d'énergie, qu'il accuse de laisser les Etats-Unis
piller les ressources pétrolières du pays, cinquième producteur de pétrole au
monde. Tout au long des mandats de George W. Bush, il ne manque jamais de
brocarder le président américain, y compris devant l'assemblée générale de
l'ONU. 

Les tensions entre les deux chefs d'Etat se cristallisent lors de deux
événements : une tentative de putsch contre Chavez en 2002, où celui-ci accuse la
CIA d'être mêlée à l'affaire ; et la campagne du référendum constitutionnel de

  1. Les Etats-Unis déboursent alors plus de huit millions de dollars pour
    soutenir les opposants de Chavez.

Du populisme au culte
de la personnalité ?

Toutefois, le "commandante
presidente
" a également été critiqué pour sa gestion autoritaire du pouvoir. Très influencé par
Fidel Castro, il n'a toutefois jamais réussi à y imposer un régime de parti
unique. Ce leader iconoclaste a, à plusieurs reprises, pris la défense des
dirigeants controversés tels que Mouammar Khadafi en Libye ou Bachar Al-Assad
en Syrie. Cultivant une forme de culte de la personnalité, il s'était offert
une tribune hebdomadaire à la télévision, dans l'émission Aló Presidente
il s'adressait directement aux téléspectateurs.

La personnalité sulfureuse du président avait irrité jusqu'au Roi d'Espagne Juan Carlos, qui en 2007 lors d'un sommet des pays ibéro-américains à Caracas, lui avait lancé "¿ Por qué no te callas ? " ("Pourquoi tu ne la fermes pas ? ")

Dans les derniers mois de sa vie, Chavez a lâché du
lest sur ce dernier aspect : "Je ne suis pas immortel ",
avait-il déclaré après une troisième intervention chirurgicale. Opéré en tout
quatre fois
à Cuba depuis juin 2011, il a lutté contre un cancer qui a entraîné
de lourds traitements et des complications respiratoires. Il a préparé en
coulisses sa succession, promise à son vice-président Nicolas Maduro, pressenti
comme futur candidat du Parti socialiste uni (PSUV).

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