Après la victoire du "non" au référendum, "c'est désormais l'Europe qui va écouter le peuple grec et non l'inverse !"
Les partisans du "non" ont célébré toute la soirée de dimanche la victoire de leur camp place Syntagma, à Athènes.
"Le peuple grec est libre, il a en main les cartes de son destin !", s'entousiasme Vitalis, le sourire large, devant le Parlement, place Syntagma à Athènes (Grèce). Après la fermeture des bureaux de vote à 19 heures, le bouillonnant centre-ville s'est transformé peu à peu en théâtre d'une véritable fête géante, dimanche 5 juillet.
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Les partisans du "non" au référendum interrogeant le peuple sur les réformes demandées à la Grèce par ses créanciers en échange d'une nouvelle aide financière ont fêté leur victoire dans la liesse.
"C'est la démocratie qui gagne"
Avant même la publication des premiers résultats envoyés petit à petit par les 19 159 bureaux de vote du pays, des centaines d'Athéniens avaient gagné la Vouli (Parlement), enroulés dans des drapeaux rayés bleu et blanc de la Grèce, criant des "Oxi" (non) et chantant des airs révolutionnaires : "C'est un jour historique pour nous, confie Manuela, 23 ans, jeune psychologue portant des boucles d'oreilles en forme d'étoile. Si le 'non' l'emporte, c'est la démocratie qui gagne. C'est désormais l'Europe qui va écouter le peuple grec et non l'inverse !"
Dans les bars de la ville, les télévisions diffusent en direct l'évolution des résultats. Près de l'université, sur la place Klafthmonos, la place des "gens qui pleurent", des partisans du "non" ont aligné des rangées de chaises pour pouvoir suivre et apprécier ensemble les résultats, dans un moment que tous désignent sans hésiter comme "un événement historique" dans l'histoire de la Grèce moderne. Un moment presque solennel que personne ne voulait fêter de son côté.
Bouzouki, pétards et hymne grec
A 22 heures, alors que le décompte officiel du ministère de l'Intérieur marque un écart de plus de 20 points entre le "non" (61%) et le "oui" (39%) , la place Syntagma, comme presque chaque soir de la semaine, se transforme petit à petit en marée humaine. La grande fontaine centrale, illuminée de reflets rouges pour l'occasion, est entourée de drapeaux aux couleurs de la Grèce et de Syriza. Certains sont venus avec un bouzouki (une sorte de luth grec) et scandent en rythme des "oxi", "oxi" ! La musique n'est interrompue que par l'explosion de pétards, avant que les manifestants reprennent des chants révolutionnaires et l'hymne grec en chœur. Devant une large banderole où l'on peut lire "Vamonos", de jeunes femmes dansent et scandent "No pasaran ! No pasaran !", le cri de ralliement des républicains espagnols à l'époque de Franco.
A quelques mètres, au milieu des vendeurs ambulants de maïs grillés, de cacahuètes et de grillades, Ana et Lia, 28 ans, contemplent la place Syntagma noire de monde avec émotion. Bras dessus, bras dessous, les deux jeunes femmes ont voté un "énorme non" dans l'après-midi : "On est tellement contentes... On n'avait pas prévu de venir au départ, et puis on a vu les scènes de liesse à la télé, on ne voulait pas manquer ça ", explique Ana. Lia, vendeuse dans un supermarché - malgré un diplôme d'ingénierie mécanique - exulte : " Cette victoire du 'non' signifie qu'on a enfin de l'espoir, une chance d'avoir un avenir, du travail et peut-être un salaire..."
Ana et Lia "on est tellement contentes, on a va fêter ça avec les autres. On va enfin avoir un avenir!" #Grefenderum pic.twitter.com/FNQka23pJK
— Elise Lambert (@lambert_elise) 5 Juillet 2015
Un réveil la tête haute malgré l'incertitude
Difficile de trouver un partisan portant un badge "nai" (oui) dans le rassemblement, mais quelques touristes, un peu ébahis, observent la scène avec amusement : "On n'avait pas prévu lors de notre réservation qu'on assisterait à un tel moment, s'amuse Florin, 32 ans, originaire de Roumanie. Je trouve ça vraiment fort et touchant cette unité, mais en même temps, je ne sais pas si c'est bien pour eux..." A ses côtés, Alina, sa petite amie, renchérit : "On a de la famille ici, et ils ne gagnent vraiment pas d'argent. Si la Grèce sort de l'Europe, je ne sais pas si ça sera mieux pour eux."
En attendant, les Grecs ont la tête ailleurs : " Bien sûr qu'on ne sait pas ce qui va arriver demain et quelles seront les négociations menées par Alexis Tsipras, explique Vitalis. Ce vote n'est pas seulement un tournant pour demain, mais pour les années à venir."
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