La Grèce devrait lutter contre… la pauvreté pour sortir de la crise, dit l’OCDE
L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) le reconnaît: la pauvreté a augmenté depuis la crise pour atteindre un tiers de la population, sans que pour autant la croissance ne reparte. La lutte contre la pauvreté et les inégalités est donc des priorités qui revêtent un caractère d’urgence pour les pouvoirs publics.
L'organisation internationale constate que les différents plans imposés à la Grèce ont eu un coût social important. Ainsi, l'OCDE se démarque des autres institutions internationales qui se sont penchés sur le sort du pays depuis l'explosion de la crise de la dette (2009-2010). FMI, Union européenne et BCE (la troïka) ont tout fait pour obliger Athènes à sabrer dans ses dépenses sociales et à augmenter ses impôts. Le pays, tenu par les accords signés en juillet 2015, est d’ailleurs en train de s’attaquer à son système de retraites… et pas dans le sens d’un progrès social. Il est vrai que le FMI avait déjà reconnu avoir mal calculé l'impact des mesures imposées au pays.
Consolidation de la reprise ?
L’étude de l'OCDE affiche cependant un certain optimisme. Elle prévoit ainsi une consolidation de la reprise en 2017 grâce aux effets positifs des réformes en cours et de la demande extérieure sur l’investissement et l’emploi. Mais elle note que «des négociations fructueuses sur la question de la viabilité de la dette publique sont essentielles pour éclaircir l’horizon». En clair, tant que la dette du pays reste insoutenable, le pays aura du mal à redémarrer.
La question des migrants pourrait peser sur la croissance
L'organisation constate les dégâts de la politique de redressement menée sur les finances publiques. Elle évoque notamment le taux de pauvreté chez les enfants, l'existence de régions déshéritées, la nécessité de repas scolaires subventionnés ou l’instauration d’un programme de logement social. L'OCDE défend aussi une politique d'investissements dans les infrastructures...tout en évoquant les lourdeurs qui pèsent encore sur le système (concurrence, accès aux marchés, fraude fiscale...).
En conclusion, les économistes auteurs de l'étude estiment que les nuages ne sont pas absents dans le ciel conjoncturel grec. Outre un climat mondial peu porteur, la Grèce, déjà plombée par sa situation économique, pourrait être touchée par la crise des migrants. Selon les estimations de l’OCDE, « le coût de l’afflux de réfugiés avoisinerait 0.4 % du PIB en 2015 ». Une nouvelle difficulté pour un pays même pas en convalescence.
Aujourd'hui, la route des Balkans est coupée et quelque 40.000 migrants sont arrivés dans le pays depuis le début de l'année. Malgré ces nouvelles difficultés, le gouvernement Tsipras espère trouver un accord avec la troïka qui pourrait déboucher sur la question de la dette. «Cela entraînerait une réaction en chaîne positive, qui nous aidera à renouer avec la croissance au troisième trimestre», espère Alexis Tsipras.
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