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Elections en Grèce: Evangelos Meïmarakis, peut-il battre Tsipras ?

Apparatchik grisonnant, le conservateur Evangelos Meïmarakis va-t-il devenir le nouveau Premier ministre grec? Va-t-il réussir à battre Alexis Tsipras, vainqueur des précédentes élections et réunir une majorité suffisante alors que 19 partis sont en lice? Réponse au lendemain des législatives du 20 septembre. Portrait de l'homme qui pourrait créer la surprise en ramenant la droite au pouvoir.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Evangelos Meimarakis, leader de Nouvelle Démocratie. (http://www.meimarakis.gr)

Evangelos Meïmarakis, qui préfère le prénom Vangelis, est une vraie caricature de la classe politique grecque. Celle qui a en partie poussée la Grèce à la faillite, celle accusée de clanisme et de népotisme. Cette classe politique qui avait été rejetée lors des législatives de janvier 2015 avec la victoire de Syriza. En votant Tsipras, les Grecs avaient mis fin à la domination sans faille de la Nouvelle Démocratie, le parti de M.Meïmarakis et du Pasok (PS), qui se partageaient le pouvoir depuis 1974 (quand ils ne gouvernaient pas ensemble).

Le nouveau leader de la droite appartient à une famille d’hommes politiques liée à la droite grecque. Son père et son oncle ont été députés. Lui-même, né à Athènes, après des études très classiques (droit à Athènes, école des Sciences politiques et de l'administration publique de l'Université Panteion), avocat de profession, a commencé comme leader des jeunes de son parti. 

«La grande surprise de ces élections»
Aujourd'hui, à quasi 62 ans, il a gravi avec succès tous les échelons de la direction de la Nouvelle Démocratie (ND). Fondateur de l'ONNED, l'organisation des jeunes de Nouvelle Démocratie, en 1974, il a été élu membre du comité central du parti en 1986. Devenu député ND de la deuxième circonscription d'Athènes lors des élections de mai 1989, il a ensuite été continuellement réélu et siège encore au Parlement hellénique après les élections législatives de janvier 2015. 

Ascension logique pour ce cadre de la Nouvelle Démocratie, entré dans le gouvernement conservateur de Mitsotakis en 1990. Devenu de nouveau ministre dans les gouvernements Karamanlis. Puis président du Parlement sous le gouvernerment Samaras. 

Après la démission de ce dernier, il a pris la tête du grand parti de la droite grecque. Peu charismatique, Evangelos Meïmarakis et sa moustache qui lui donne une image un peu caricaturale de vieux Grec, a réussi à émerger dans cette campagne électorale peu passionnée en recentrant le discours de son parti. «Il est la grande surprise de cette élection», selon The Observer. Il s'est éloigné du discours très droitier de Samaras. «Meïmarakis est un pompier venu éteindre l’incendie qui menaçait de brûler la maison», reconnaît Theodore Fortsakis, député ND, cité par Le Monde.


«Nous n'avons jamais eu de tels maux en si peu de temps», a-t-il asséné au Premier ministre sortant lors du dernier débat d'avant les élections. Tout en critiquant de façon virulente le bilan d'Alexis Tsipras à qui il reproche d’avoir «apporté des destructions dans le pays», il est partisan d'une grande coalition, incluant même Tsipras. 

Evangelos Meïmarakis pourrait tirer partie de la résignation des électeurs (jeunes notamment) qui avaient fait le succès de Tsipras en janvier 2015 et qui avaient voté «non» (Oxi) à 62%  lors du référendum de juillet. La signature par Tsipras du mémorandum avec Bruxelles a provoqué la scission de Syriza. Ses électeurs, qui avaient cru dans le discours anti-mémorandum et anti-austérité, démotivés et désabusés par le virage de Tsipras, pourraient le lâcher et s'abstenir.

Tsipras et Meïmarakis lors du débat télévisé du 14 septembre 2015. Deux futurs partenaires ? (Menelaos Myrillas / SOOC)

Mais la dispersion des voix (19 partis) pourrait obliger le leader de droite, s'il arrive en tête, à accepter une coalition. Peut-être même avec le charismatique patron de Syriza. Le retour à avant janvier 2015 en quelque sorte, quand Nouvelle Démocratie gouvernait avec le Pasok. Une option que revendique Meïmarakis pour offrir une unité nationale dans les négociations avec l'UE. Il est vrai que le Mémorandum voté en juillet par la Vouli (le parlement grec) l'a été grâce au soutien de la droite.

Mais le nom du futur Premier ministre grec risque de ne pas peser très lourd face aux obligations imposées par Bruxelles. Quel que soit l’occupant de Maximou, le Matignon grec, il sera en grande partie sous la tutelle des créanciers de la Grèce et n’aura que de très faibles marges de manœuvre dans l'application du mémorandum signé en juillet 2015.

«Ce que nous sommes appelés à faire est de voter pour un gouvernement qui va prendre le téléphone lorsque Merkel appelle et faire tout ce que dit l'Allemagne», résume un électeur cité par The Guardian. Pas de quoi créer l'enthousiasme chez les électeurs grecs.

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