Crise en Grèce: le bon moment pour acheter une île ou une villa?

L’émir du Qatar Hamad ben Khalifa a récemment mis dans son escarcelle six îles grecques de la région d’Ithaque, pour la modeste somme de 8,5 millions d’euros. «Le maire d’Ithaque, Ioannis Kassianos, s’est félicité de la transaction et a même plaisanté en disant qu’il n’y avait pas assez d’îles grecques disponibles pour que l’émir puisse en donner une à chacun des enfants qu’il a eus avec ses trois épouses: «Il n’y a que dix-huit îles au large de notre ville, alors que l’émir a vingt-quatre enfants», rapporte Courrier International.

Iles privées et îles publiques
L'Emir n'est pas le seul à acheter des îles puisque «pour la coquette somme de 4,2 millions d'euros, Johnny Depp vient en effet de s'offrir un îlot d'une surface de 0,2 km2. Le terrain, situé dans la mer Egée porte le doux nom d'île Stroggili», rapporte Russia Today. En revanche le milliardaire Warren Buffett a démenti des informations de presse selon lesquelles il s'est associé au magnat italien de l'immobilier Alessandro Proto pour acheter l'île grecque de Saint-Thomas, au sud-ouest d'Athènes.

De quoi créer le mythe que la Grèce vend ses îles aux plus offrants pour combler ses dettes. Or, il y toujours eu des îles privées en Grèce et la vente d'îles y a toujours existé. Le pays compte quelque 1.200 îles, mais des estimations plus larges avancent un nombre de 6.000 îles «car personne ne sait combien d'îles possède effectivement le gouvernement grec», affirme Russia Today.

Des sites internet sont d'ailleurs spécialisés sur ce type de produits destinés à une clientèle de luxe. 

Pourtant, la Grèce vend aussi des îles situées dans le domaine public. Le site public Taiped, qui recense les biens vendus par l'Etat, en affiche quelques unes, dont certains petits paradis, ce qui n'avait pas manqué de créer la polémique. Ces offres datent d'avant l'ère Syriza, mais vu l'accord signé en juillet entre Athènes et l'Eurogroup, Taiped devrait rapidement s'enrichir de nouvelles offres de privatisation (ce qui rendait son site injoignable en ce début août).

Retour des privatisations
La Grèce doit donc privatiser. Pour 50 milliards. Un chiffre qui avait déjà été avancé il y a plus de quatre ans, lors du premier mémorandum signé entre le gouvernement Papandreou et les créanciers. Or, en juillet 2015, selon Le Monde, le bilan des privatisations réellement encaissées par l'Etat ne se chiffre qu'à 3,1 milliards d'euros.  

Parmi les plus grosses privatisations menées par Taiped, l'administration mise en place dans ce but, il y a la vente de l'ancien aéroport d'Athènes, un vaste terrain situé au bord de la mer, à quelques kilomètre du centre ville. Ces privatisations ont été largement critiquées en Grèce:  prix bradés, corruption. Une instruction a d'ailleurs été ouverte contre l'administration en charge de ces privatisations, selon Okeanews. 

Devant l'insistance de l'Europe, Athènes doit mettre sur pieds une nouvelle structure destinée à gérer les privatisations à venir. Un fonds qu'Alexis Tsipras a réussi à maintenir en Grèce alors que Berlin voulait qu'il soit situé...à Luxembourg. Et pour arriver à un tel niveau de privatisation, une grande partie des biens publics devrait y passer. Certains évoquent même des sites archéologiques...

Un rêve immobilier
A défaut d'être en mesure d'acheter une île ou une future entreprise ou terrain privatisé par Athènes, les personnes voulant miser sur la désinflation qui touche la Grèce peuvent se tourner vers l'immobilier. «Du côté des professionnels de l’immobilier grecs, on observe que de plus en plus d’étrangers sont devenus propriétaires en Grèce ces derniers mois. Il s’agit pour la plupart d’investisseurs européens, dont des Français, des Italiens, des Allemands, des Russes, des Suisses et des Belges », affirme le Blog immobilier.

Selon des sites spécialisés, les prix de l'immobilier auraient fortement baissé (-40%) en Grèce, notamment à Athènes. En revanche, dans les îles ou sur les côtes touristiques, la chute est beaucoup plus faible. 

Dans les zones touristiques les prix restent élevés
Il semble pourtant que les ventes ont du mal à se faire. Il faut dire que les incertitudes pèsent toujours sur la capacité de la Grèce à rester dans la zone euro. Et que les investisseurs n'aiment guère voir leurs achats se dévaluer en même temps que la monnaie locale.