Vladimir Poutine va quitter le Kremlin... sans langue de bois
Avec sa fougue et son franc-parler habituels, Vladimir Poutine a tenu en fin de matinée sa dernière conférence de presse annuelle avant son départ du Kremlin, au mois de mai. Au cours d'un discours-fleuve de 4 heures 40, il a notamment fait le bilan de ses huit ans de présidence, tout en brocardant dans un langage très coloré plusieurs personnes ou institutions. Pour user d'une expression qu'il n'aurait lui-même pas reniée, ils sont beaucoup à en avoir pris "pour leur grade".
Sur le plan diplomatique, après ses attaques contre les visées "expansionnistes" de l'Otan et la politique "unilatérale" des Etats-Unis, il a adopté un ton plus conciliant envers l'Ouest et assuré que Moscou ne voyait "aucun intérêt à un retour à la Guerre froide". Poutine souhaite ainsi mener un "dialogue positif" avec les Etats-Unis, quel que soit le futur président américain.
Il a toutefois réaffirmé l'opposition du Kremlin à l'indépendance du
Kosovo, à laquelle il a promis de réagir "afin de préserver (la) sécurité" de son pays. L'occasion pour lui de critiquer l'Union européenne, coupable à ses yeux de faire "deux poids, deux mesures" en approuvant l'idée d'un Kosovo indépendant alors qu'elle rejette les aspirations d'autres régions à l'émancipation.
Quant à l'Ukraine, face à laquelle il n'excluait pas mardi de "pointer ses missiles" contre les projets de bouclier antimissile prévus par les Etats-Unis dans le pays, il a nuancé ses propos en invoquant une "necessité extrême" dont la Russie aurait besoin pour une telle décision.
"Qu'ils restent chez eux à faire leur soupe !"
Dans un autre registre, Vladimir Poutine a conseillé à Hillary Clinton d'utiliser "sa tête" pour faire de la politique, après qu'elle a estimé qu'en tant qu'ancien agent du KGB, il ne "pouvait avoir d'âme". Il a également considéré que les observateurs de l'OSCE, qui boycottent l'élection présidentielle du 2 mars prochain, feraient mieux de "rester chez eux pour apprendre à leurs femmes à faire la soupe".
Le chef du Kremlin a aussi évoqué son avenir politique, en estimant qu'il aurait "suffisamment de pouvoir" comme premier ministre de son probable successeur et proche, Dimitri Medveded, et qu'il resterait à ce poste "aussi longtemps que possible".
Dressant un bilan de sa présidence, il a enfin déclaré ne pas constater "d'échecs graves" au cours de ces huit années, rappelant l'essor économique et la hausse du niveau de vie, tout en soulignant la nécessité de lutter contre l'inflation, qui tourne autour de 12% actuellement.
Matteu Maestracci avec agences
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