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Trois questions pour comprendre la crise politique en Pologne

Depuis plusieurs jours, des milliers d'opposants au gouvernement dénoncent des lois qui mettent en danger, selon eux, l'autonomie de la justice, l'indépendance des médias ou encore les libertés individuelles.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Une manifestation anti-gouvernement à Varsovie, en Pologne, samedi 17 décembre. (WOJTEK RADWANSKI / AFP)

Sorties du Parlement bloquées par les manifestants, accusations de fraude lors de votes de lois et menaces sur la liberté des médias... La crise politique en Pologne a franchi, dimanche 18 décembre, un nouveau seuil, après plus de trois jours de manifestations.

Face à cette situation, le président polonais Andrzej Duda a commencé à rencontrer les chefs des partis élus au Parlement afin d'apaiser la situation. Franceinfo fait le point.

Que se passe-t-il en Pologne ?

Pologne : des opposants au gouvernement bloquent le Parlement
Pologne : des opposants au gouvernement bloquent le Parlement Pologne : des opposants au gouvernement bloquent le Parlement (APTN)

"Honte", "Stop à la dévastation de la Pologne", "Liberté, égalité, démocratie"... Depuis plusieurs jours, des milliers de personnes défilent à Varsovie et dans plusieurs villes du pays, à l'appel du mouvement de défense de la démocratie KOD et de quelques partis d'opposition. Ils s'opposent au gouvernement conservateur du parti Droit et Justice (PiS) et visent personnellement le chef de ce parti, Jaroslaw Kaczynski, le qualifiant de "dictateur".

Vendredi 16 décembre, des centaines de personnes ont bloqué pendant plusieurs heures les sorties du Parlement à Varsovie. Ils ont empêché les députés de la majorité, la Présidente du Conseil des ministres, Beata Szydlo, et le chef du parti conservateur au pouvoir, Jaroslaw Kaczynski, de quitter le bâtiment.

Quels sont les raisons de ces manifestations ?

Les manifestants protestent contre l'offensive du "bon changement" menée par le parti PiS, depuis son accession au pouvoir en octobre 2015. Ils dénoncent la réforme de l'éducation nationale, la future mise au pas du Tribunal constitutionnel, la mainmise sur les médias publics, et la restriction du droit de manifester.

Le gouvernement a notamment initié un projet de règlement limitant l'accès des journalistes au Parlement et leur interdisant de prendre des photos ou vidéos. Pour les journalistes, ce projet protégerait les députés contre des images qui les montreraient sous un jour défavorable. Pour le PiS, il s'agit d'une nécessité de garantir aux députés, "un cadre de travail confortable".

S'ajoutent à ces mesures de nombreuses initiatives vivement contestées, comme le projet de loi visant à interdire totalement l'avortement (sauf en cas de danger pour la femme), ou l'exhumation des victimes du crash de l'avion dans lequel le président Lech Kaczynski, frère jumeau de Jaroslaw Kaczynski, a perdu la vie en 2010, qui a bouleversé une partie de l'opinion publique.

Que répondent les autorités ?

Des manifestants polonais portent des masques de la Présidente du Conseil des ministres, Beata Szydlo (à gauche), du député conservateur Antoni Macierewicz (au centre), et du chef du parti conservateur (PiS) Jaroslaw Kaczynski (à droite) à Gdansk (Pologne), samedi 17 décembre. (MICHAL FLUDRA / NURPHOTO)

"Je pense qu'un accord est nécessaire parce qu'il est impossible de fonctionner dans un système où le Parlement ne peut pas débattre", a déclaré le porte-parole de la présidence Marek Magierowski, dimanche. Face à cette situation, le président polonais Andrzej Duda a commencé à rencontrer les chefs des partis élus au Parlement afin d'apaiser la crise.

Il doit aussi rencontrer Jaroslaw Kaczynski, le président du parti au pouvoir Droit et Justice (PiS), à une date encore indéterminée. Samedi, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a appelé le pouvoir en Pologne à respecter "la population, les principes et les valeurs constitutionnelles". "Quand on prive les gens d'accès à l'information ou qu'on impose un modèle unique de la vie, la démocratie devient aussi insupportable qu'une dictature", a-t-il insisté.

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