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Slovénie: de nouvelles têtes contre le népotisme

La corruption et le népotisme ont fait des ravages en Slovénie. L'économie du pays a été minée par une distribution inconsidérée de crédits au fil des années. Après une série de manifestations en 2012 et 2013, deux nouvelles têtes sont apparues: la Première ministre de centre gauche, Alenka Bratusek, et le maire de Maribor, Andresj Fistravec.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Alenka Bratusek, Première ministre slovène, à Ljubljana, le 25 juillet 2013. (AFP/JURE MAKOVEC)

Selon la commission nationale de lutte contre la corruption, depuis l’indépendance il y a 20 ans, ce fléau s'élève à quelque 20 milliards d’euros pour un pays de deux millions d’habitants. Et, en 2012, l’année où Maribor, la seconde ville du pays (nord), était l’une des capitales européennes de la Culture, des millions d’euros ont disparu sans laisser de trace !
 
Selon Clément Lacombe, dans Le Point, les raisons de la mauvaise gouvernance viennent de la collusion entre sphères politiques et intérêts économiques. Les banques ont investi à tout crin et 15% des crédits accordés sont douteux (un record en Europe après la Grèce), la suspicion pour les banques publiques s’élevant à 24%.
 
Les efforts demandés à la population à la suite des déboires de l’économie ont conduit les Slovènes dans la rue dès la fin 2012. Le 27 février 2013, une motion de défiance a été votée contre le gouvernement de centre droit de Janez Jansa et, le 1er mars, Alenka Bratusek, 43 ans, a été élue à la tête du gouvernement. Une première dans cet état des Balkans.
 
Mais les manifestations à Ljubljana n’ont pas cessé. Un rassemblement organisé sur les réseaux sociaux a réuni le 27 avril entre 1.000 et 2.500 personnes, moins que les mois précédents. «Tous les pays ont une mafia, ici le pays appartient à la mafia», pouvait-on lire sur les banderoles du cortège.

Bratusek passe sous les fourches caudines de l'Union européenne 
Mais la tâche d'Alenka Bratusek, l’ancienne spécialiste du budget au ministère des Finances, est immense. Son arrivée a été critiquée par le PDS (centre droit) qui l’a accusée d’être nommée par «l’oligarchie financière» dominée par la gauche, alors que ses collègues la dépeignent comme une personne énergique et courageuse. Son ascension a toutefois été facilitée par le départ de son mentor, le maire de Ljubljana, écarté en raison de soupçons de corruption.


Face aux attentes de la commission européenne, elle a dû lancer un plan d’économies drastique: nouvelles privatisations (aéroport de Ljubjlana et compagnie aérienne nationale Adria, Telekom Slovenija, etc.), augmentation de la TVA, nouvelle taxe sur les immeubles, baisses des salaires des fonctionnaires...
  
Une politique qui ne fait pas l’unanimité. Ainsi, le chef de la Banque nationale indique «qu’il n’y a aucune idée pour la croissance». Les syndicats critiquent ces mesures qui «pénalisent inévitablement les couches sociales pauvres». Mme Bratusek avait pourtant promis de freiner les mesures d’austérité pour ne pas faire vivre au pays un scénario à la grecque. Elle a tout de même annoncé une aide de 66 millions d’euros pour la ville de Maribor et le chômage des jeunes. Un sondage montrait début mai que 57% des citoyens n’avait pas confiance dans leur classe politique.
 
Un néophyte conquiert Maribor
Un second personnage, jusque-là totalement inconnu dans le paysage politique, sans étiquette, est apparu en 2013. Andresj Fistravec, un sociologue de 56 ans qui a remplacé le maire de Maribor, rattrapé lui aussi par des accusations de corruption. Il a obtenu 52,7% des voix devant les sociaux-démocrates, 24,7%. 
 
Il a promis d’emblée qu’il ne voulait pas travailler avec des «moyens illégaux», mais il doit cohabiter jusqu’à l'automne 2015 avec le conseil municipal sortant. Les groupes de contestataires qui l’ont soutenu dans son accession à la mairie ont promis qu’«il sera surveillé de très près ».
 
Spécialiste de l’éducation et président d’une association de promotion de l’agriculture biologique, Andresj Fistravec semble inspiré par l’économie alternative et des projets sociaux. Il compte aider à la création de jardins individuels pour faire pousser des fruits et légumes, redistribuer les denrées non-utilisées dans les écoles... Des initiatives entrant dans les «nouvelles idées» et «industries créatives» pour impulser le renouveau attendu par les citoyens, selon Fistravec.
 
Pour rassurer une couche importante de la population, l’homme, portant souvent un large chapeau, a indiqué d’emblée qu’il souhaitait collaborer avec la chambre de commerce de Maribor afin de trouver des mesures opportunes pour faire venir des investisseurs dans la ville proche de la frontière autrichienne.
 
Se voulant rassembleur, il a promis de ne pas chercher à faire sanctionner les anciens responsables de la cité, «recherchant des mesures intelligentes pour Maribor avec des experts qui joindront leurs forces». Son unique préoccupation, dit-il, est de faire passer le chômage dans cette ville industrielle, en 5 ou 6 ans, de 17-18% à 5 ou 6%.
 

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